Desportes vs Oudry : deux maîtres de l’animalier au siècle des Lumières
Le XVIIIe siècle français fut une période charnière pour la peinture animalière, qui connut alors un essor sans précédent. Deux figures majeures s’en détachent : Alexandre-François Desportes (1661-1743) et Jean-Baptiste Oudry (1686-1755). Leur talent respectif, leur reconnaissance à la cour et leur influence sur l’histoire de l’art en font des artistes incontournables. Mais comment distinguer leur style, leur cote sur le marché de l’art et leur place dans les collections ? Cette analyse comparative vise à mieux cerner ces deux maîtres de la peinture animalière en croisant approche stylistique, estimation, valeur et résultats de ventes.
1. Biographie et contexte artistique
1.1 Alexandre-François Desportes (1661-1743)
Né à Champigneulle, Desportes commence sa carrière comme portraitiste avant de se spécialiser dans la peinture animalière et de chasse. Il devient peintre officiel de Louis XIV en 1695, réalisant de nombreuses commandes pour les appartements royaux et les pavillons de chasse. Ses œuvres se caractérisent par une grande précision naturaliste, influencée par sa formation flamande et son goût pour les détails.
1.2 Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)
Formé dans l’atelier de Nicolas de Largillière, Oudry s’impose rapidement comme le successeur de Desportes. Il est reçu à l’Académie royale en 1717 et obtient la protection du roi Louis XV. Il devient directeur de la manufacture des Gobelins et produit également des cartons de tapisserie. Son style, plus théâtral et narratif que celui de Desportes, s’inscrit dans une esthétique rococo, où l’animal devient parfois acteur d’une scène allégorique.
2. Approche stylistique : précision vs narration
2.1 Desportes : le naturalisme au service du pouvoir
Les œuvres de Desportes sont marquées par une rigueur scientifique dans la représentation des animaux. Il peint des chiens de chasse, des gibiers, des trophées, souvent isolés sur un fond neutre ou dans un décor sobre. Cette précision servait à glorifier la chasse royale, activité emblématique du pouvoir monarchique. Parmi ses œuvres notables, on peut citer Chien et faisans (Musée du Louvre) ou encore Nature morte au cygne.
2.2 Oudry : une mise en scène animalière
Oudry adopte une approche plus narrative. Ses animaux sont souvent représentés dans des paysages animés, parfois anthropomorphisés. Il excelle dans les scènes de chasse dynamiques, comme dans Chasse au loup (Musée de Compiègne) ou Le Sanglier attaqué par les chiens. Son style, plus fluide et décoratif, séduit l’aristocratie du XVIIIe siècle.
3. Matériaux, formats et techniques
Les deux artistes travaillent principalement à l’huile sur toile. Desportes privilégie les formats moyens à grands pour ses commandes royales, avec une palette sombre et des fonds sobres. Oudry, quant à lui, utilise une palette plus claire, des formats parfois monumentaux (notamment pour les tapisseries), et intègre des éléments de paysage ou d’architecture. Leur technique témoigne d’une maîtrise du rendu des textures : fourrure, plumes, reflets sur les yeux ou les armes de chasse. Cette virtuosité contribue à leur reconnaissance académique et à leur succès auprès des collectionneurs.
4. Cote, estimation et résultats aux enchères
4.1 Desportes : une cote stable et sélective
Sur le marché de l’art, Desportes bénéficie d’une cote stable, soutenue par la rareté relative de ses œuvres. Selon Artprice, ses tableaux atteignent régulièrement entre 50 000 et 200 000 € selon le sujet, l’état et l’authenticité. Un exemple notable : Nature morte aux chiens et au gibier, vendue chez Christie’s Paris le 22 juin 2016 (lot 25), pour 137 500 €. Ses œuvres de petit format ou ses études peuvent être estimées entre 10 000 et 30 000 €, selon les experts.
4.2 Oudry : une valeur plus élevée pour les grands formats
Oudry bénéficie d’une cote plus élevée, notamment pour ses grandes compositions ou ses œuvres liées aux Gobelins. Ses tableaux peuvent dépasser les 300 000 €, voire 500 000 € pour les pièces majeures. Ainsi, Chien et faisan dans un paysage a été adjugé 421 000 € chez Sotheby’s Londres le 4 juillet 2018 (lot 12). Ses dessins préparatoires ou études animalières sont également prisés, avec des estimations entre 15 000 et 50 000 €.
5. Expertise et identification : comment reconnaître un Desportes ou un Oudry ?
L’expertise d’un tableau animalier du XVIIIe siècle repose sur plusieurs critères :
- La composition : Desportes isole souvent ses sujets, Oudry les intègre dans une narration.
- La touche : plus lisse et précise chez Desportes, plus fluide et expressive chez Oudry.
- Les signatures : parfois absentes, elles doivent être confrontées à des œuvres répertoriées.
- Les matériaux : qualité de la toile, préparation du fond, pigments utilisés.
Une estimation réalisée par un expert comme Fabien Robaldo permet de vérifier l’authenticité, la provenance et la valeur marchande de l’œuvre.
6. Présence dans les collections et musées
Desportes et Oudry sont représentés dans les plus grands musées français :
- Le Louvre conserve plusieurs natures mortes et scènes de chasse de Desportes.
- Le Château de Chantilly et le Musée de la Chasse et de la Nature à Paris exposent des œuvres des deux artistes.
- Oudry est également présent à Versailles, dans les appartements du roi, et au Musée Fabre de Montpellier.
Leur présence dans les collections publiques contribue à renforcer leur légitimité sur le marché de l’art.
Conclusion : deux visions complémentaires de l’animalier au siècle des Lumières
Desportes et Oudry incarnent deux approches distinctes mais complémentaires de la peinture animalière au XVIIIe siècle. L’un, fidèle à la tradition naturaliste, l’autre, plus narratif et décoratif, ont marqué durablement l’histoire de l’art français. Leur cote sur le marché reste soutenue, en particulier pour les œuvres de qualité, bien conservées et documentées. Si vous possédez une œuvre attribuée à Desportes ou Oudry, il est essentiel de faire réaliser une expertise rigoureuse pour en déterminer l’authenticité et la valeur.
N’hésitez pas à contacter Fabien Robaldo pour une estimation gratuite et confidentielle.
FAQ
Quelle est la différence entre Desportes et Oudry ?
Desportes privilégie le naturalisme, tandis qu’Oudry adopte une approche plus narrative et décorative.
Quelle est la cote actuelle d’un tableau de Desportes ?
Entre 50 000 et 200 000 € selon le sujet, l’état et la provenance.
Combien vaut un tableau de Jean-Baptiste Oudry ?
Entre 100 000 et 500 000 € pour les grands formats, parfois plus.
Comment faire expertiser un tableau animalier du XVIIIe siècle ?
En contactant un expert spécialisé comme Fabien Robaldo pour une analyse stylistique et matérielle.
Où peut-on voir des œuvres de Desportes ?
Au Louvre, au Musée de la Chasse et de la Nature, et à Versailles.
Oudry a-t-il travaillé pour les Gobelins ?
Oui, il a dirigé la manufacture et réalisé de nombreux cartons de tapisserie.
Quel est le style de peinture de Desportes ?
Un style naturaliste, précis, souvent utilisé pour des scènes de chasse.
Quels animaux sont représentés par Oudry ?
Des chiens, des gibiers, mais aussi des animaux exotiques ou allégoriques.
Quels critères influencent la valeur d’un tableau animalier ?
L’authenticité, l’état de conservation, la provenance et la qualité du sujet.
Des dessins de Desportes sont-ils cotés ?
Oui, mais leur valeur est généralement inférieure aux huiles sur toile.
Comment reconnaître un faux Desportes ou Oudry ?
Par une analyse stylistique, technique et historique menée par un expert.
Les tableaux animaliers sont-ils recherchés aux enchères ?
Oui, surtout ceux de qualité et bien attribués à des maîtres reconnus.