Biographie factuelle

Origines et formation

M’hamed Issiakhem naît le 17 juin 1928 à Taboudoucht près d’Azeffoun, en Kabylie, et décède le 1 décembre 1985 à Alger. Enfant, il grandit à Relizane. En 1943, un accident de grenade provoque l’amputation de son bras gauche et la mort de proches. Entre 1947 et 1951, il suit l’enseignement de la Société des Beaux-Arts et de l’École des Beaux-Arts d’Alger, notamment auprès du miniaturiste Omar Racim. En 1953, il rejoint Paris pour compléter sa formation à l’École des Beaux-Arts. Cette double ancrage Alger-Paris structure durablement son parcours et sa perception des avant-gardes modernes.

Retour en Algérie et activités

Après l’indépendance, Issiakhem revient en 1962 et collabore comme dessinateur à “Alger Républicain”. En 1963, il participe à la création de l’Union nationale des arts plastiques. De 1964 à 1966, il dirige l’atelier de peinture à l’École des Beaux-Arts d’Alger, puis contribue à l’orientation pédagogique à Oran. Il conçoit des modèles de billets et des timbres pour l’Algérie dans les années 1965-1982. Ses voyages et expositions jalonnent son activité, tandis que sa fréquentation d’écrivains et d’artistes, dont Kateb Yacine, nourrit un dialogue entre texte et image dans certaines œuvres.

Reconnaissance et disparition

La reconnaissance publique s’installe progressivement au fil des années 1970 et 1980. Il disparaît le 1 décembre 1985 à Alger, laissant un corpus où la figure humaine et la mémoire occupent une place centrale. Cette trajectoire, marquée par l’étude académique et l’appropriation d’un vocabulaire personnel, situe Issiakhem parmi les fondateurs de la peinture moderne en Algérie.

Style de l’artiste objectifs

Écriture et construction

Issiakhem développe une figuration structurée par un dessin affirmé. Les contours organisent l’espace et charpentent des silhouettes frontales ou de trois-quarts. La touche oscille entre empâtements et aplats serrés. Le cadrage resserré concentre l’attention sur le visage et les mains. Cette écriture confère une identité visuelle stable et immédiatement reconnaissable.

Palette et tonalité

La palette privilégie des terres, ocres, bruns, verts sourds, noirs et gris colorés. Des rehauts plus clairs animent les chairs et les voiles. Les contrastes servent la lisibilité des volumes. Les transitions restent sobres et la modulation de la matière guide la lecture des plans. Cette palette, constante sur plusieurs décennies, participe à l’unité de l’œuvre.

Thématiques récurrentes

Les sujets féminins, les maternités, les autoportraits et certaines figures populaires dominent. À partir des années 1970-1980, des œuvres intègrent des éléments textuels ou poétiques, parfois en lien avec Kateb Yacine. La frontalité, la sobriété des décors et l’absence de détails narratifs superflus renforcent la concentration sur la figure. L’ensemble témoigne d’un équilibre entre intériorité du modèle et structure plastique.

Techniques, matériaux, périodes

Supports et médiums

Le corpus couvre l’huile sur toile, la gouache et l’encre sur papier ou carton, le crayon, et plus ponctuellement la gravure. Les toiles présentent une pâte maîtrisée, sans recherche d’effets virtuoses gratuits. Les œuvres sur papier et carton associent souvent encre et gouache, avec des contours fermes qui définissent les volumes. La gravure, plus rare, existe mais occupe une place marginale dans l’ensemble.

Chronologie synthétique

Années 1950

Appropriation des codes académiques et ancrage figuratif. Apparition de sujets féminins et de portraits au traitement ramassé. Années 1960. Nombreux dessins et techniques mixtes sur papier. Consolidation du vocabulaire formel ligne, volumes, visages cadrés.

Années 1970

Pleine maturité. Toiles au dessin puissant, visages structurés, aplats denses.

Années 1980

Prolongement des thèmes majeurs, insertion ponctuelle d’éléments textuels et de références littéraires. Cette continuité facilite l’attribution des œuvres aux grandes périodes par recoupement style, médium, provenance.

Analyse du marché typologies, cote, valeur, facteurs déterminants

Typologies recherchées

Les huiles sur toile de moyen à grand format, représentant une femme, une maternité ou un autoportrait, concentrent la demande. Les gouaches et techniques mixtes sur papier ou carton suivent, avec un supplément d’intérêt pour les feuilles publiées dans un catalogue d’exposition ou reproduites en couverture. Les dessins à l’encre isolés proposent un accès plus abordable à l’œuvre. Les estampes tiennent un rôle d’introduction et constituent une entrée de collection.

Cote et dispersion géographique

Le marché d’Issiakhem est actif en France, avec un point d’appui à Paris, et des adjudications régulières dans les ventes spécialisées art moderne du Maghreb et d’Orient. Des résultats existent à Londres et dans d’autres places. La liquidité relative des grands formats sur toile est supérieure à celle des œuvres sur papier, qui restent néanmoins dynamiques lorsqu’elles présentent un sujet caractéristique et une bonne documentation. La profondeur d’acheteurs inclut une base franco-européenne et une clientèle internationale sensible à la modernité nord-africaine.

Facteurs de valeur

Le sujet est déterminant femmes, maternités et autoportraits structurent la hiérarchie des prix. Le format compte, avec une prime nette pour les dimensions supérieures. La période influe, les années 1970-1980 affirmant les canons stylistiques les plus recherchés, mais des œuvres plus anciennes bien documentées peuvent rivaliser. La provenance directe et les publications catalogues, expositions, bibliographie renforcent la valeur. La technique joue enfin un rôle, l’huile sur toile s’imposant en haut de gamme, suivie des gouaches abouties et des techniques mixtes denses.

Analyse technique de la thématique matériaux, périodes, écoles, caractéristiques

Matériaux et gestes

Les huiles combinent couches denses et passages économes, au service de la construction des visages. Les supports papier et carton reçoivent des tracés d’encre fermes, rehaussés de gouache pour modeler les plans. Les inscriptions ou fragments de texte trouvent place dans certaines compositions, sans effet décoratif autonome. La signature “Issiakhem” en bas à droite est fréquente sur les toiles. Les œuvres sur papier peuvent être non signées mais documentées par provenance et expositions.

Périodes et repères stylistiques

La décennie 1960 montre une fréquence élevée d’images très construites sur papier. Les années 1970 fixent l’esthétique la plus représentative lignes tendues, palettes sourdes, visages frontaux. Dans les années 1980, l’artiste réactive des motifs antérieurs, parfois associés à des poèmes. Ces repères croisés avec la provenance et la littérature permettent de situer l’œuvre avec précision.

Écoles et entourage

Issiakhem occupe une position singulière dans la modernité algérienne. Proche de Mohamed Khadda et d’écrivains comme Kateb Yacine, il demeure attaché à une figuration structurée, distincte des recherches plus abstraites de ses contemporains. Son œuvre interagit avec les débats plastiques menés entre Alger et Paris dans les années d’après-guerre, tout en conservant un vocabulaire propre qui explique la stabilité de sa cote à long terme.

Marché des enchères résultats maison de vente, date, lot, prix de vente

Les exemples ci-dessous illustrent des adjudications en euros pour des typologies différentes. Ils constituent des repères indicatifs et non des garanties. D’autres résultats existent selon le format, le sujet, la date d’exécution, la provenance et la documentation.

• ADER, Paris, 22 février 2024, lot 6, huile sur toile “La Palestinienne”, 1983, 92 x 73 cm, adjugé 49 400 € frais compris.
• ADER, Paris, 22 février 2024, lot 7, huile sur toile “Femme sur poème”, 1985, 100 x 81 cm, adjugé 32 500 € frais compris.
• ADER, Paris, 22 février 2024, lot 3, encre et gouache sur papier “La Mort de Lakhdar ou les Jumeaux de Nedjma”, 1966, 23 x 17,5 cm, adjugé 3 640 € frais compris.
• ADER, Paris, 22 février 2024, lot 2, eau-forte “La Maison arabe”, 1956, 29 x 19 cm, adjugé 650 € frais compris.

Conclusion et contact pour une estimation gratuite

Si vous possédez une huile, une gouache, un dessin ou une estampe de M’hamed Issiakhem, une estimation gratuite permet de positionner précisément la valeur en vue d’une décision éclairée. Fabien Robaldo étudie votre œuvre à partir de photographies nettes, des dimensions, du verso, des informations de provenance et, le cas échéant, de références d’exposition ou de bibliographie. L’analyse compare votre pièce aux résultats récents et à la typologie du corpus. Le service s’appuie sur des méthodes éprouvées et la connaissance du marché spécialisé, en synergie avec le réseau de MILLON dans le cadre d’une expertise indépendante.

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