La sculpture en pierre au Vietnam précolonial : repères historiques, styles et marché
La sculpture en pierre du Vietnam précolonial rassemble des œuvres produites avant l’époque coloniale, principalement liées aux sanctuaires hindouistes et bouddhiques de l’ancien Champa au centre du pays et aux premiers royaumes viêt au nord. Ce patrimoine concerne surtout des sculptures architecturales et statuaires en grès, plus rarement en calcaire, associées à des temples, tours et stèles. Le sujet intéresse autant les chercheurs que les collectionneurs, avec un marché actif en Europe et en Asie, et une visibilité croissante dans les grandes capitales de l’art. L’objectif de cette fiche est d’apporter un cadre clair aux typologies, périodes, critères de valeur et aux résultats récents observés, afin d’éclairer une démarche d’estimation gratuite auprès de Fabien Robaldo.
Définition et périmètre de la thématique
On entend par sculpture en pierre au Vietnam précolonial l’ensemble des œuvres en pierre du territoire vietnamien antérieures au 19e siècle. Deux ensembles dominent les collections et le marché. D’une part la statuaire et le décor architectural cham en grès, produits entre le 7e et le 15e siècle par les royaumes du Champa, avec des centres majeurs comme Mỹ Sơn, Trà Kiệu, Đồng Dương et Tháp Mẫm. D’autre part les sculptures et stèles des dynasties viêt du nord, depuis les périodes Đinh et Lê antérieures jusqu’aux dynasties Lý et Trần, généralement en calcaire ou en grès local, à fonction religieuse ou commémorative. Le corpus parvenu sur le marché provient surtout du Champa, plus abondant, mieux identifié stylistiquement, et historiquement collecté par les missions et collectionneurs européens dès le début du 20e siècle.
Les œuvres se présentent comme des têtes de divinités, bustes, figures debout ou assises, reliefs d’apsaras et de gardiens, linteaux, frontons, fragments d’ornement et stèles inscrites. Les sujets reflètent l’iconographie hindoue et bouddhique, avec Shiva, Vishnu, Ganesha, Lakshmi, Tara, bodhisattvas et figures célestes. L’usage est cultuel et architectural, ce qui explique la fréquence des fragments sur le marché international. Les pièces issues du nord viêt se rencontrent plus rarement en circulation, la plupart étant liées à des monuments encore en place ou conservées en institutions locales.
Typologies, matériaux, périodes et styles
Matériaux et formats
Le grès est le matériau dominant pour la sculpture cham, apprécié pour sa facilité de taille et sa tenue en contexte architectural. Le calcaire et des grès d’aspect variable apparaissent pour des productions viêt anciennes au nord. Les formats vont de petites têtes de 10 à 20 cm jusqu’à des figures monumentales supérieures à un mètre. Les reliefs et éléments architecturaux, souvent détachés de leur contexte, constituent une large part des œuvres vues en ventes publiques.
Champa central – repères stylistiques
Le Champa a produit des styles différenciés par lieux et périodes. De manière synthétique, le style Mỹ Sơn E1 du 7e-8e siècle associe des silhouettes élancées et des drapés schématiques. Le style Trà Kiệu du 7e-9e siècle présente des reliefs narratifs et des divinités finement modelées. Đồng Dương, fin 9e siècle, se caractérise par un modelé puissant et des éléments décoratifs prononcés, dans un contexte bouddhique marqué. Khuông Mỹ et Hòa Lai illustrent des transitions des 9e-10e siècles. Tháp Mẫm, concentré aux 12e-13e siècles dans l’actuelle Bình Định, montre des volumes plus compacts avec un décor dense et des coiffes élaborées. Plusieurs ateliers locaux coexistent, ce qui conduit les catalogues à préciser une attribution de style et de période plutôt qu’une date absolue.
Royaumes viêt du Nord – jalons succincts
Au nord, les premières dynasties viêt implantent des sculptures religieuses et de nombreux ensembles lapidaires liés aux pagodes et aux stèles. Sous Lý et Trần, la statuaire bouddhique en pierre demeure plus rare sur le marché international que la production cham. Les stèles datées, parfois très imposantes, relèvent davantage de fonds patrimoniaux locaux et d’institutions. Quelques fragments circulent cependant, souvent anonymes ou décrits comme “école viêt” d’époque médiévale.
Iconographie et fonctions
Les sujets principaux sont liés à la liturgie hindoue et bouddhique. Les têtes de Shiva et Vishnu, les représentations de Ganesha, les déesses comme Lakshmi et Tara, les apsaras en adoration et les gardiens jalonnent la statuaire cham. Les reliefs d’architecture, linteaux et frontons sont fréquents. Les pièces viêt au nord privilégient les inscriptions, dragons stylisés, lions et éléments votifs spécifiques au contexte des pagodes. Sur le marché, la précision iconographique augmente la lisibilité des œuvres et soutient leur valeur.
Facteurs simples influençant la valeur
Plusieurs paramètres factuels influencent la valeur d’une sculpture en pierre vietnamienne d’époque précoloniale. La datation et l’attribution stylistique documentée constituent un premier niveau déterminant. Une attribution claire à un style cham reconnu, comme Mỹ Sơn E1, Đồng Dương ou Tháp Mẫm, renforce la lisibilité. La typologie compte également: une figure debout de divinité, un grand relief d’apsara ou une tête de belle taille attirent une base d’acheteurs plus large que de petits fragments anonymes.
La qualité d’exécution se mesure à la cohérence des volumes, au travail des drapés et des coiffes, à l’expression du visage et à l’équilibre général. La présence d’éléments distinctifs iconographiques, par exemple des attributs de Vishnu ou de Ganesha facilement identifiables, soutient l’attribution et donc la valeur. La taille joue un rôle simple et lisible sur la demande: à qualité comparable, un format plus important tend à mieux performer.
La provenance est un facteur majeur. Les pièces issues d’anciennes collections européennes ou asiatiques constituées avant 1970 sont recherchées. La documentation de collection, les mentions d’expositions ou de publications renforcent le dossier. Le cadre international, marqué par la convention de l’UNESCO de 1970, valorise les œuvres dont l’historique est clair et antérieur à cette référence. L’implantation géographique du vendeur et les canaux de diffusion influencent aussi la visibilité, avec une audience structurée entre Paris, Vienne, Londres, New York, Singapour et Hong Kong.
Enfin, le contexte de vente et la qualité de la notice produite par la maison jouent sur la confiance des acheteurs. Une notice précise, avec repères stylistiques et comparaisons muséales, favorise la compétition. À l’inverse, une description trop générique limite la base de collectionneurs et donc la valeur finale.
Marché de l’art: demande, cote, valeur
Le marché de la sculpture cham en grès est international, avec un noyau d’acheteurs privés en Europe et en Asie, et des musées attentifs aux pièces de référence. La plupart des œuvres offertes sont des têtes et des fragments architecturaux, suivis par des bustes et, plus rarement, par des figures de grande taille. Les attributions “Champa, période tardive” ou “Tháp Mẫm 12e-13e siècle” se rencontrent régulièrement, de même que des mentions “Tam Kỳ”, “Phú Ninh” ou “Bình Định” dans les notices. Les pièces cham dominent largement l’offre par rapport aux œuvres viêt médiévales en pierre, peu présentes en ventes publiques internationales.
En termes de valeur, les petits fragments cham correctement attribués et documentés se situent souvent dans le bas de la fourchette des milliers d’euros. Des reliefs et têtes de belle taille franchissent aisément le seuil des 3 000 à 5 000 euros selon l’iconographie et la qualité. Des figures plus importantes, associées à des styles majeurs et à de bonnes provenances, dépassent ponctuellement 10 000 euros en ventes internationales. Des adjudications plus élevées existent sur des sujets iconiques et des formats muséaux, notamment pour des reliefs d’apsaras et des divinités debout bien attribuées dans les grandes maisons. Les ventes organisées en Europe centrale et à Paris structurent une part notable des résultats récents.
Les déterminants de prix observés ces dernières années confirment des tendances stables. La clarté de l’attribution, l’iconographie lisible, l’ancienne provenance et la présence de comparaisons muséales dans la notice forment un socle solide pour la valeur. À l’inverse, les descriptions “dans le style de” ou “inspiré de” réduisent la profondeur de marché et entraînent des prix plus modestes. Le regroupement d’œuvres cham avec d’autres arts d’Asie du Sud-Est dans des vacations dédiées améliore la visibilité et favorise des adjudications cohérentes avec la cote internationale.
Résultats de ventes vérifiés
Les résultats ci-dessous illustrent des adjudications récentes et documentées pour des sculptures cham en pierre. Les prix sont indiqués en euros, frais compris lorsque précisé par la source publiée.
Galerie Zacke, Vienne, 11 avril 2024, lot 200, “A large sandstone figure of Tara, Cham period, later My Son E1 style, 8th-9th century” – adjugé 11 200 €.
Galerie Zacke, Vienne, 29 septembre 2022, lot 236, “A sandstone bust of a female deity, Cham period, 10th-12th century” – adjugé 4 940 €.
Galerie Zacke, Vienne, 11 avril 2024, lot 201, “A sandstone relief of an adoring apsara, Cham period, 10th-12th century” – adjugé 3 002 €.
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Galerie Zacke, Vienne, 30 juin 2022, lot 1180, “A sandstone figure of a male deity, Cham period, 10th century” – adjugé 1 643 €.
Conclusion – Obtenir une estimation gratuite
Pour une œuvre en pierre liée au Champa ou aux premiers royaumes viêt, une évaluation sérieuse repose sur l’identification stylistique, la qualité d’exécution, l’iconographie et l’historique de collection. Ces paramètres concrets déterminent la valeur en ventes publiques et en private treaty. Si vous possédez une sculpture en grès ou en calcaire que vous pensez vietnamienne et d’époque précoloniale, contactez Fabien Robaldo pour une estimation gratuite et confidentielle. L’expertise permettra de situer l’œuvre dans son contexte historique, de qualifier sa présentation marché et d’orienter vers la meilleure stratégie de diffusion, en lien avec le réseau de référence de MILLON.
FAQ
Qu’appelle-t-on “sculpture en pierre du Vietnam précolonial” ?
Il s’agit d’œuvres en pierre produites avant le 19e siècle sur le territoire vietnamien, dominées par la statuaire cham en grès et, plus rarement, par des sculptures viêt en calcaire ou grès liées aux pagodes et stèles.
Quels matériaux rencontre-t-on le plus souvent ?
Le grès est majoritaire pour le Champa. Le calcaire apparaît pour des productions du nord viêt. D’autres roches restent marginales dans le corpus observé en ventes publiques.
Quelles sont les périodes et styles chams les plus cités ?
Mỹ Sơn E1 7e-8e siècle, Trà Kiệu 7e-9e, Đồng Dương fin 9e, Khuông Mỹ et Hòa Lai 9e-10e, puis Tháp Mẫm 12e-13e. Les notices indiquent aussi des attributions régionales comme Bình Định.
Quelles iconographies valorisent une sculpture cham ?
Shiva, Vishnu, Ganesha, Lakshmi, Tara, apsaras et gardiens. Les figures debout lisibles et les reliefs d’apsaras bien attribués suscitent une demande soutenue.
Existe-t-il un marché pour les sculptures viêt médiévales en pierre ?
Oui, mais l’offre est nettement plus rare que pour le Champa. Beaucoup d’œuvres viêt en pierre sont conservées in situ ou en institutions locales, ce qui limite leur présence en ventes internationales.
La provenance antérieure à 1970 influence-t-elle la valeur ?
Oui. Une provenance claire, idéalement antérieure à 1970, et une ancienne collection européenne ou asiatique documentée renforcent l’attribution et la confiance, donc la valeur.
Quelles fourchettes de prix observe-t-on pour des pièces cham courantes ?
Des fragments et têtes bien attribués se situent souvent entre 1500 € et 5000 €. Des figures de taille importante et iconographies fortes dépassent ponctuellement 10000 € selon provenance et style.
Pourquoi les œuvres cham sont-elles plus fréquentes en ventes ?
L’archéologie, les collectes anciennes et l’identification stylistique plus structurée du Champa ont alimenté des collections hors du Vietnam, constituant un vivier pour le marché international.
Où voir des références muséales pour comparer ?
Le musée de la Sculpture cham de Đà Nẵng conserve la plus vaste collection cham. Les ensembles de Mỹ Sơn sont une référence patrimoniale majeure.
Qu’apporte une notice de vente détaillée ?
Une notice avec attribution de style, comparaisons muséales, bibliographie et historique de collection améliore la lisibilité et élargit la base de collectionneurs, ce qui soutient le prix final.
Comment faire estimer unesculpture en pierre vietnamienne ?
Transmettez des photographies nettes, dimensions et toute information sur l’origine de l’œuvre pour une estimation gratuite auprès de Fabien Robaldo. Un avis argumenté vous sera proposé.
Le marché est-il internationalement réparti ?
Oui. Paris, Vienne, Londres, New York, Hong Kong et Singapour concentrent l’essentiel des ventes spécialisées en arts d’Asie du Sud-Est incluant la statuaire cham.