Définition et description générale

Nguyen Van Binh est un artiste vietnamien né en 1917 et décédé en 2004. Il est associé à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine à Hanoi, où il a étudié avant de devenir enseignant. Il a ensuite poursuivi une carrière de pédagogue tout en développant une production soutenue, principalement en laque sur panneau de bois. Son œuvre est identifiable par des scènes de vie rurale, des paysages vallonnés, des compositions à plusieurs plans et une palette caractéristique des laques vietnamiennes. Il a produit des formats variés, de panneaux uniques à des paravents à plusieurs feuilles, souvent signés et datés.

L’artiste s’est imposé comme un maître de la laque, médium emblématique de la modernité vietnamienne du XXe siècle. Les œuvres sont réalisées sur supports de bois, avec des couches successives de laque et parfois des incrustations de coquille d’œuf et de métaux. Sur le marché, ce corpus se distingue par une offre relativement limitée, concentrée sur certaines périodes clés de sa carrière et quelques sujets récurrents.

Typologies, matériaux, périodes, styles

Matériaux. Les œuvres majeures de Nguyen Van Binh sont en laque sur panneau de bois. L’emploi d’incrustations de coquille d’œuf apparaît sur certains paravents et panneaux, contribuant à des effets de contraste. Plus marginalement, on trouve des travaux à l’encre, à l’aquarelle ou sur soie, mais la laque demeure l’axe principal recherché par les enchérisseurs.

Typologies. Le marché recense des panneaux uniques de formats moyens à grands, des polyptyques et des paravents à plusieurs feuilles. Les paravents anciens signés et datés, parfois de grandes dimensions, constituent des pièces de référence. Les compositions panoramiques horizontales sont fréquentes, notamment pour les scènes de récolte, de village et de campagne.

Périodes. La production couvre des décennies, avec des jalons importants dans les années 1940 pour des paravents et, plus tard, des grands panneaux des années 1960 à 1990. Les œuvres tardives de grand format, datées et documentées, rencontrent aujourd’hui une demande soutenue. Les pièces antérieures, lorsqu’elles sont signées, datées et bien attribuées, sont recherchées pour leur rareté.

Sujets et composition. Les scènes de moisson, de repiquage ou de travail agricole, les paysages de villages et de montagnes, et plus largement les vues rurales, structurent l’iconographie de l’artiste. Les compositions mettent en place un arrière-plan montagneux, un plan médian de village ou de cours d’eau, et un premier plan animé par des figures au travail. La signature et la date se situent fréquemment en bas à droite, selon les usages d’atelier.

Facteurs simples influençant la valeur

Support et technique. La laque sur panneau de bois, surtout aux dimensions importantes, est le support le plus recherché. La présence d’incrustations de coquille d’œuf sur des paravents ou panneaux augmente souvent la valeur.

Dimensions. Les grands formats, notamment les panoramas ou les paravents à plusieurs feuilles, atteignent des niveaux d’adjudication supérieurs. À sujet comparable, un format plus vaste favorise la valeur.

Datation et signature. Une œuvre signée et datée, documentée par une provenance connue ou par une publication de vente, dispose d’arguments solides à l’estimation. La précision des inscriptions et l’identification claire du sujet contribuent à la valeur.

Période et rareté. Les œuvres anciennes de l’artiste, rares sur le marché, sont surveillées de près. À l’inverse, certains sujets tardifs très aboutis et en grand format peuvent également soutenir une valeur élevée en raison de la demande.

Provenance et historique d’expositions. Lien avec une collection identifiée, acquisition directe auprès de l’artiste ou passage dans une vente de référence renforcent la perception de valeur.

Marché de l’art : demande, cote, valeur

L’intérêt pour la modernité vietnamienne s’est affirmé sur plusieurs places. Hong Kong constitue un pôle majeur pour les laques et pour les artistes formés à Hanoi. Paris joue un rôle structurant dans la visibilité de ces œuvres grâce aux vacations dédiées aux peintres vietnamiens du XXe siècle et à l’activité soutenue de maisons présentes à l’Hôtel Drouot. La catégorie a ainsi trouvé un public international, composé de collectionneurs asiatiques et européens.

Pour Nguyen Van Binh, la courbe de valeur s’est accélérée à partir de la première moitié des années 2020, avec plusieurs ventes emblématiques. Les adjudications en Asie ont positionné les grands panneaux de laque de l’artiste autour d’un palier élevé, et certaines vacations parisiennes ont confirmé la capacité du marché à pousser les paravents historiques à des niveaux records. Ce double ancrage Asie – Paris construit aujourd’hui une cote active et lisible, avec un nombre de lots encore limité, ce qui entretient la tension sur les prix pour les pièces majeures.

Le marché valorise la lisibilité du sujet, les formats larges, la présence de la signature et de la date, ainsi que l’authenticité du support et des matériaux de laque. Les paravents anciens, particulièrement lorsqu’ils sont signés et datés des années 1940, se situent désormais parmi les pointes de valeur. Les grands panneaux des années 1990, identifiables par des paysages ruraux structurés et une signature en bas à droite, s’inscrivent également sur une dynamique de prix significative.

En France, la scène parisienne a renforcé l’attractivité de ce corpus, avec une médiatisation accrue de certains résultats en salle. L’écosystème plus large des ventes dédiées aux peintres vietnamiens a également bénéficié d’initiatives structurantes, dont l’implantation récente d’acteurs spécialisés. Dans ce contexte, la présence de MILLON sur la scène vietnamienne, aux côtés d’autres acteurs à Paris et en Asie, contribue à la visibilité globale de cette spécialité. La demande est soutenue et le flux d’œuvres demeure mesuré, ce qui favorise la stabilité de la cote lorsque les critères de qualité et d’attribution sont réunis.

Résultats de ventes vérifiés

Les exemples ci-dessous illustrent des adjudications récentes et documentées. Les équivalents en euros sont indiqués lorsque nécessaire. Les prix s’entendent frais inclus lorsque l’information est disponible.

• “The Harvest”, laque sur panneau, 1993, Hong Kong, Bonhams, 8 avril 2024, lot 7. Adjugé 766 000 HKD, soit environ 89 000 euros.

• “Bản Nậm Nà (Joy of Living)”, laque, pigments et feuille d’or sur bois, Hong Kong, Bonhams, 3 décembre 2022, lot 39. Environ 1 389 000 HKD, soit environ 168 000 à 175 000 euros.

• “Paravent à six feuilles”, laque et coquille d’œuf, signé et daté 1944, Paris, Hôtel Drouot, Mirabaud – Mercier, 10 décembre 2024. Adjugé 452 900 euros.

Ces résultats confirment la hiérarchie actuelle des prix selon le format, la technique et l’ancienneté. Les grands panneaux récents et bien datés franchissent des seuils élevés en Asie, tandis que les paravents anciens signés et datés s’imposent en tête en Europe.

Conclusion

Nguyen Van Binh s’inscrit désormais parmi les signatures vietnamiennes observées de près par les collectionneurs et les professionnels. La demande vise prioritairement les grandes laques signées et datées, avec une attention marquée pour les paravents historiques et les panoramas de paysage. La combinaison d’une offre mesurée et d’un intérêt international soutient la progression de la valeur aux enchères.

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