1. Introduction

Depuis le milieu des années 2010, les artistes vietnamiens historiquement liés à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine connaissent une visibilité accrue en salles des ventes. Pham Van Don, actif au XXe siècle et disparu en 2000, participe de cette dynamique par une production identifiable, souvent centrée sur des paysages, des scènes de vie quotidienne et des sujets emblématiques. La présence d’œuvres en laque et de travaux sur papier a permis d’élargir la base d’acheteurs, des collectionneurs spécialisés aux amateurs qui découvrent la modernité vietnamienne par des formats et des budgets variés. La hausse des adjudications à Hong Kong et la régularité des ventes parisiennes structurent aujourd’hui sa cote.

2. Définition et description générale de la thématique

La thématique couvre à la fois l’art de Pham Van Don et son impact sur le marché international de l’art vietnamien. Elle intègre ses médiums de prédilection, l’évolution de ses sujets, sa place dans les ventes spécialisées d’art d’Asie et l’élargissement géographique de la demande. L’analyse met l’accent sur des éléments tangibles et mesurables: matériaux utilisés, formats, périodes de création, et rapport entre typologies d’œuvres et niveaux de prix. Elle s’appuie sur des résultats de ventes vérifiés qui permettent de situer la valeur des pièces de référence, tout en rappelant que les adjudications fluctuent selon la rareté, la provenance et l’équilibre général de l’offre.

3. Typologies, matériaux, périodes, styles

Matériaux. Pham Van Don travaille principalement la laque sur panneau, parfois avec des rehauts polychromes. Les œuvres sur papier incluent encres, gouaches, pochoirs et gravures sur bois, particulièrement présentes dans les années 1970. Cette dualité laque-papier structure l’offre: les panneaux en laque forment le haut de gamme, les œuvres sur papier constituent une entrée de collection accessible.

Typologies. Les thèmes récurrents sont les paysages côtiers et fluviaux, la baie d’Along, des vues urbaines de Hanoï, des scènes villageoises, et des figures ou groupes. Les séries d’estampes et pochoirs déclinent des sujets figuratifs similaires en formats plus modestes.

Périodes. Les laques des décennies 1960 à 1980 concentrent l’intérêt des enchérisseurs, avec des pièces datées et signées. Les travaux tardifs incluent des scènes réalisées ou retravaillées après des voyages en Asie du Sud-Est. Les suites gravées des années 1970 sont recherchées lorsqu’elles sont complètes et identifiées par sujet et date.

Style. Le traitement vise une composition lisible, structurée et narrative. En laque, l’artiste articule plans, reflets et masses colorées dans des formats souvent horizontaux. Sur papier, le dessin et la synthèse des volumes déterminent la perception de qualité, au même titre que la précision des légendes, monogrammes et cachets lorsqu’ils existent.

4. Facteurs simples influençant la valeur

Médium. Les panneaux en laque signés atteignent des niveaux de prix plus élevés que les œuvres sur papier. La présence de techniques additionnelles en laque et l’emploi d’effets de matière peuvent renforcer la valeur lorsque le sujet est emblématique.

Sujet. Les représentations de la baie d’Along, de paysages fluviaux et de scènes urbaines reconnaissables ont un impact direct sur la valeur, car elles s’inscrivent dans des attentes claires du marché pour l’école vietnamienne moderne.

Format. Les formats moyens à grands en laque suscitent une concurrence plus forte. À l’inverse, les pochoirs et gravures sur bois de petits formats constituent des points d’entrée avec des adjudications plus modérées.

Signature, date, provenance. Un panneau signé et daté, documenté, avec une provenance identifiée, accroît la confiance des acheteurs et peut soutenir une valeur supérieure. Les ensembles provenant directement de l’atelier ou d’une collection établie sont prisés.

Période de création. Les pièces datées des années 1960 bénéficient d’une reconnaissance particulière, en phase avec la demande internationale pour la modernité vietnamienne historique.

5. Marché de l’art: demande, cote, valeur

L’offre se répartit entre Hong Kong et Paris, deux places désormais structurantes pour l’art vietnamien du XXe siècle. Hong Kong concentre des ventes en ligne et physiques orientées modernité asiatique avec des records pour les laques vietnamiennes. Paris accueille des vacations spécifiques à l’école d’Indochine et des sections dédiées dans les ventes d’art d’Asie. Ce double ancrage a fluidifié la circulation des œuvres de Pham Van Don, avec une progression des prix sur les panneaux en laque et une base d’acheteurs internationale élargie.

Les adjudications récentes montrent un spectre de prix étendu. Les laques signées, sur des sujets recherchés comme la baie d’Along ou les paysages portuaires, se situent au-dessus de 20 000 € pour certaines pièces passées à Hong Kong, avec un record autour de 57 000 € sur une figure politique. Les œuvres sur papier, pochoirs et ensembles de gravures s’échelonnent de quelques centaines à quelques milliers d’euros selon le nombre de feuilles, la datation et l’état d’identification des sujets. Cette stratification permet l’entrée de nouveaux collectionneurs tout en consolidant la position de l’artiste dans les catalogues internationaux.

La demande est entretenue par une meilleure visibilité institutionnelle des artistes vietnamiens et par les ventes thématiques réunissant plusieurs générations de créateurs formés ou affiliés à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine. Les grandes maisons anglo-saxonnes et parisiennes publient des catalogues précis, avec des ventes en ligne qui élargissent encore le public. Dans ce contexte, la trajectoire de Pham Van Don reste corrélée à la qualité des sujets disponibles et à la clarté des historiques de collections. Le différentiel de prix entre laque et papier constitue un repère utile pour situer la valeur d’une œuvre avant une mise en vente ou une décision d’acquisition.

À Paris, des ventes dédiées à l’art vietnamien moderniste renforcent la lisibilité de la cote. À Hong Kong, la concentration des acheteurs asiatiques favorise des adjudications élevées sur des sujets iconiques en laque. Ces deux pôles, conjugués à la diffusion d’informations par les bases de données du marché, confirment la place de l’artiste dans l’ensemble de la modernité vietnamienne, au même titre que des noms plus largement reconnus. MILLON s’illustre à Paris par des catalogues centrés sur les artistes de l’école d’Indochine, ce qui contribue à structurer l’offre et la lecture des prix, sans modifier le principe général d’une valorisation d’abord liée aux œuvres individuelles disponibles.

6. Résultats de ventes vérifiés (maison, date, lot, prix)

• “Ho Chi Minh”, laque, Sotheby’s, Hong Kong, vente “Modern Art Online: From Le Pho to Sanyu”, 7 décembre 2021, lot 6122. Adjugé 57 089 € environ.

• “Halong Bay”, laque sur panneau, Christie’s, Hong Kong, 26 mai 2019, 20th Century & Contemporary Art (Morning Session), lot 122. Adjugé 22 890 € environ.

• “Temple au Laos”, laque incisée et réhaussée de polychromie, Aguttes, Neuilly, 29 novembre 2021, “Peintres d’Asie – Œuvres majeures”, lot 2. Adjugé 6 500 €.

• “La marche”, pochoir, Aguttes, Neuilly, 29 novembre 2021, “Peintres d’Asie – Œuvres majeures”, lot 4. Adjugé 780 €.

Ces résultats illustrent l’écart de prix entre laques de sujet fort et œuvres sur papier. Ils confirment la capacité de l’artiste à atteindre des adjudications significatives dans les places moteurs de la modernité asiatique, tout en maintenant une offre accessible sur des techniques imprimées et des formats modestes.

7. Conclusion et estimation

La position de Pham Van Don sur le marché international résulte d’un corpus cohérent, d’une signature clairement associée à la laque et d’une présence récurrente dans des ventes où se construit la cote vietnamienne. Les panels en laque, particulièrement lorsqu’ils sont datés et sur des sujets emblématiques, concentrent l’attention des enchérisseurs. Les œuvres sur papier structurent une base d’acheteurs élargie et dynamisent la diffusion de l’artiste. La compréhension des typologies, des périodes et des provenances reste déterminante pour apprécier la valeur d’une œuvre isolée.

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