Biographie factuelle

Nicolas René Jollain naît à Paris en 1732 et meurt à Paris en 1804. Il est formé dans l’orbite académique et devient l’élève de Jean-Baptiste Marie Pierre. Il est agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1765, puis reçu peintre d’histoire en 1773. Cette reconnaissance situe d’emblée sa pratique dans la grande peinture narrative, avec une présence aux Salons de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Jollain reçoit des commandes officielles, notamment pour Marly et pour la chapelle du château de Fontainebleau, et travaille pour des ensembles décoratifs. En 1788, il est nommé au Musée du Roi, fonction qui le place au cœur des collections royales. En 1792, il participe à la commission chargée de la formation d’un Musée National. Il reste actif jusqu’au tournant du siècle, dans un contexte artistique marqué par la transition entre rococo tardif et néoclassicisme.

Sa production est dominée par les sujets historiques au sens académique du terme, avec des mythologies, allégories et scènes religieuses. On rencontre aussi des tableaux de cabinet de plus petit format et un ensemble soutenu d’études et d’académies au dessin, destinées à la préparation ou à la collection d’amateurs.

Style de l’artiste

Le style de Jollain est ancré dans la tradition académique française. La composition est claire et construite, avec une hiérarchie lisible des figures. Le vocabulaire iconographique privilégie les épisodes antiques et bibliques, traité dans un registre moral et édifiant conforme aux attentes de l’Académie. Les figures sont étudiées d’après le modèle, comme l’atteste la fréquence des académies à la sanguine avec rehauts de blanc.

La palette des peintures, souvent sur panneau ou sur toile, reste mesurée. Les contours sont affirmés, la lumière est utilisée pour souligner l’anatomie et l’action principale. En dessin, Jollain emploie la sanguine seule ou combinée au crayon noir et à la craie blanche pour moduler les volumes. L’ensemble reflète une pratique maîtrisée et conforme aux standards de l’époque, identifiable au sein de l’école française de la fin de l’Ancien Régime.

Techniques, matériaux, périodes

Peintures

Jollain pratique l’huile sur toile et l’huile sur panneau. Les panneaux rencontrés sur le marché sont souvent en chêne ou noyer, parfois renforcés ou toilé au revers, avec des formats moyens destinés à des intérieurs privés. Les toiles apparaissent pour des compositions plus amples ou destinées à des ensembles décoratifs.

Dessins

Corpus fourni d’académies et d’études exécutées à la sanguine, au crayon noir et à la craie blanche. Les formats sont variables, du feuillet d’étude au grand académique. Les sujets préparent des compositions mythologiques ou religieuses, ou relèvent du goût pour la figure isolée chez les amateurs du XVIIIe siècle.

Périodes

Activité documentée des années 1760 aux années 1790. Les œuvres des années 1760-1770 montrent un ancrage dans les codes hérités du rococo tardif, tandis que les années 1780-1790 tendent vers un registre plus épuré, cohérent avec le néoclassicisme. Des œuvres signées et datées existent pour certaines années, ce qui aide à la datation comparée.

Analyse du marché: typologies, cote, valeur, facteurs déterminants

Typologies actives

Deux segments animent le marché de Nicolas René Jollain. D’une part les peintures de chevalet, le plus souvent des sujets mythologiques ou allégoriques. D’autre part les dessins, en particulier les académies à la sanguine et les études de figures. Les tableaux de cabinet sur panneau sont régulièrement proposés. Les compositions d’ensemble, de format plus ambitieux, sont moins fréquentes en ventes publiques.

Cote et valeur

Les adjudications récentes en France situent une fourchette courante de 2 800 € à 7 500 € pour les peintures, selon l’état, la qualité d’exécution et l’attribution. Les dessins d’académie se négocient le plus souvent entre 900 € et 1 312 €. Les résultats supérieurs existent pour des œuvres majeures bien documentées, mais restent moins représentés en salle française. Les attributions ou “attribué à” se valorisent en retrait par rapport aux œuvres autographes signées et datées.

Facteurs déterminants

L’autographie et la signature, la date, l’état de conservation, la provenance et l’éventuelle mention d’expositions ou de publications influencent le prix. La qualité d’exécution, la lisibilité iconographique et la rareté du sujet jouent aussi. Le support a un impact: un panneau sain et non trop restauré est mieux reçu. En dessin, la fraîcheur de la sanguine, la présence de rehauts et la dimension de la feuille soutiennent la demande. Enfin, la documentation d’atelier ou la relation à un Salon peut renforcer l’intérêt et la valeur.

Circulation et géographie

Le marché de Jollain est actif en France, avec des passages réguliers chez des opérateurs généralistes et des départements de Maîtres anciens. Des apparitions à Londres ou New York concernent surtout les dessins et des tableaux bien attribués. Les plateformes spécialisées en Maîtres anciens contribuent à la visibilité, aux côtés de maisons comme Artcurial, Tajan, Thierry de Maigret, et des opérateurs parisiens. Des lots apparaissent aussi chez MILLON dans des vacations dédiées aux décors et tableaux anciens.

Analyse technique de la thématique

Matériaux

Huile sur toile et huile sur panneau caractérisent l’œuvre peint. Les panneaux rencontrés sont souvent en chêne ou noyer, parfois constitués de plusieurs planches. Les dessins utilisent la sanguine sur papier crème ou teinté, avec rehauts de blanc pour souligner les volumes. La présence d’estompes et de traits de construction est fréquente sur les académies.

Périodes

Les œuvres datées du milieu des années 1760 aux années 1780 couvrent la période de maturité. Les sujets du Salon sont repris dans des versions réduites pour le marché privé. Les années 1780 produisent des pièces aux contours plus fermes et à la mise en page resserrée, en ligne avec l’esthétique néoclassique de la décennie.

Écoles et caractéristiques

L’inscription de Jollain dans l’école française se traduit par une composition claire, un dessin solide et un sens du récit conforme à l’enseignement académique. L’iconographie emprunte aux sources antiques et religieuses. Les draperies, la construction anatomique et les postures démontrent un apprentissage régulier d’après modèle. En dessin, les académies de femmes ou d’hommes se reconnaissent à la sanguine nerveuse, aux rehauts précis et à la recherche de volumes lisibles.

Marché des enchères: résultats documentés

• Tajan, Paris, 25 octobre 2018, lot 27, “Renaud et Armide”, panneau, adjugé 7 500 €.
• Thierry de Maigret, Paris, 9 avril 2008, lot 53, “Académie de femme”, sanguine avec rehauts de blanc, adjugé 900 €.
• Thierry de Maigret, Paris, 24 mars 2018, lot 189, paire de dessins, “Femme nue sur un lit” et “Femme nue à la guirlande de roses”, pierre noire et sanguine, adjugé 1 138 € frais compris.

Ces résultats montrent la hiérarchie courante entre peintures et dessins. Ils confirment l’écart de prix lié à l’attribution, au sujet et à la qualité d’exécution. Ils constituent des repères utiles pour cadrer une première valeur indicative avant une étude de l’œuvre en main.

Conclusion – demande d’estimation

Pour situer précisément la valeur d’un tableau ou d’un dessin de Nicolas René Jollain, il est nécessaire d’examiner le support, les dimensions, l’autographie, l’état et la provenance. Adressez vos informations et visuels pour une estimation gratuite réalisée par Fabien Robaldo. Les comparaisons avec des adjudications documentées et la mise en perspective stylistique permettent d’établir une fourchette réaliste avant mise en vente aux enchères ou succession.

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