1. Introduction

Philippe Derchain, né à Theux en 1873 et décédé à Verviers en 1947, appartient au courant intimiste belge et se rattache, par ses sujets et ses partis pris de composition, à une sensibilité post-impressionniste. Ses paysages des Ardennes, ses vues de Francorchamps, ses intérieurs et scènes de fenêtre, ainsi que des portraits, forment un corpus identifiable sur le marché belge et, plus ponctuellement, international. Plusieurs institutions locales et galeries ont documenté son activité et des ventes récentes ont ravivé l’attention sur les artistes intimistes verviétois, Derchain y tenant une place régulière.

2. Définition et description générale de la thématique

La thématique retenue porte sur l’estimation des peintures et scènes post-impressionnistes de Derchain. Elle recouvre les huiles sur toile ou sur panneau, les pastels, les aquarelles et dessins au crayon ou aux crayons de couleur, composant un ensemble où dominent les paysages régionaux et les intérieurs silencieux. La recherche d’une lumière calme et la structuration du motif par des masses simples caractérisent de nombreuses œuvres. Les formats varient du petit paysage sur carton au tableau d’exposition. La présence d’inscriptions au revers avec titre, date et provenance apparaît de façon récurrente sur le marché belge.

3. Typologies, matériaux, périodes, styles

Matériaux. On rencontre des huiles sur toile et sur panneau, des huiles marouflées sur carton, des pastels, des aquarelles, des dessins au crayon noir et des compositions aux crayons de couleur. La signature “Ph. Derchain” est fréquente en bas à gauche ou à droite. Les œuvres peuvent être contresignées, titrées et datées au revers.

Périodes. Les années 1900-1914 voient des paysages et vues de terroir. Les années 1920-1930 concentrent des scènes d’intérieur, des vues urbaines et des paysages structurés, souvent datés entre 1920 et 1925 pour certains sujets majeurs, et des horizons plus tardifs autour de 1940 pour des dessins et pastels.

Sujets. Les paysages de Francorchamps et de la Vesdre, les places et villages de la région de Verviers, des scènes d’intérieur avec fenêtre et sol lumineux, des portraits et autoportraits, et des vues de toits. Des titres récurrents apparaissent dans les catalogues comme “Soir à Francorchamps”, “Crépuscule” ou des intitulés descriptifs de lieux.

Style. La facture est sobre, avec une recherche d’équilibre et de lisibilité du motif. Les couleurs sont mesurées, les transitions calmes. Le registre reste narratif minimal, sans effets anecdotiques, dans une veine post-impressionniste intimiste propre à la région verviétoise.

4. Facteurs simples influençant la valeur

Support et technique. À sujet comparable, les huiles abouties sur toile atteignent généralement des niveaux supérieurs aux dessins, aquarelles ou crayons de couleur. Les pastels soignés occupent une zone intermédiaire.

Format et ambition. Les tableaux d’exposition de format moyen à grand, clairement composés et bien conservés, se positionnent plus haut que les petites études ou vues rapides. Les œuvres abouties, au motif complet et à la lumière maîtrisée, sont privilégiées.

Sujet et localisation. Les paysages emblématiques de la région de Verviers, Francorchamps ou Limbourg, de même que les intérieurs typiques avec fenêtre et sol réfléchissant, concentrent la demande. L’identification précise d’un site apprécié peut soutenir la valeur.

Datation et provenance. Les œuvres datées des années 1920, bien documentées et issues d’ensembles reconnus ou d’anciennes collections de référence, sont recherchées. Les mentions au revers, labels d’exposition ou renvois bibliographiques renforcent l’attractivité.

Signature et inscriptions. Une signature lisible, accompagnée d’un titre et d’une date au revers, clarifie l’attribution et facilite l’estimation. L’existence de variantes d’un motif connu, référencé en exposition ou catalogue, contribue positivement.

5. Marché de l’art : demande, cote, valeur

Le marché de Philippe Derchain reste concentré en Belgique, porté par les maisons actives en Wallonie et à Bruxelles, avec des apparitions plus ponctuelles dans des ventes internationales. Les ensembles collectifs dédiés aux intimistes verviétois ont entretenu la visibilité d’artistes de la région, parmi lesquels Derchain. Les prix constatés couvrent un spectre large en fonction de la technique et de l’ambition du sujet. Les dessins et petites feuilles se négocient à des niveaux d’entrée, tandis que les huiles abouties, de format significatif et de provenance solide, se positionnent notablement plus haut. Des résultats récents publiés confirment ce différentiel, y compris lorsque la vente est portée par des maisons internationales.

Dans ce contexte, une lecture actualisée par type d’œuvre demeure nécessaire pour situer correctement la valeur d’un tableau ou d’un dessin. La dispersion régulière d’œuvres issues de collections régionales, la documentation locale et les préemptions ou prêts d’institutions renforcent la traçabilité de certaines pièces, ce qui nourrit la robustesse de l’estimation et la confiance des acheteurs.

6. Résultats de ventes

Les références ci-dessous illustrent des adjudications récentes et documentées. Elles offrent des repères factuels par technique et sujet.

• “Arbres en hiver”, 1924, crayon noir et aquarelle sur papier, Bonhams Cornette de Saint Cyr, Bruxelles, 07/11/2024, lot 14. Adjugé 8 960 € frais inclus.

• “Le village de Lambermont”, huile, Hôtel des Ventes Legros, Verviers, 2020. Record public signalé à 10 850 USD, soit un ordre de grandeur d’environ 9 000 à 10 000 € selon le cours USD/EUR de l’année 2020.

• “Vue des toits”, dessin couleur sur papier, Lhomme, Liège, 25/02/2023, lot “Vue des toits”. Adjugé dans sa fourchette de marché pour une œuvre sur papier de cette période, niveau intermédiaire confirmé par les publications agrégées.

Ces repères doivent être rapprochés des caractéristiques précises d’une œuvre donnée. La cohérence du sujet, la lisibilité de la signature, la présence d’un titre et d’une date, ainsi que la documentation d’exposition ou de provenance, influencent le positionnement final.

7. Conclusion et estimation gratuite

Le positionnement d’une peinture ou d’une scène post-impressionniste de Philippe Derchain dépend d’abord de la technique, du format, du sujet et de la documentation. Les huiles abouties des années 1920, aux sujets identifiés de la région verviétoise ou aux intérieurs typiques, se situent plus haut que les études et petits formats sur papier. Les adjudications récentes confirment un marché actif en Belgique et des résultats ponctuellement relayés à l’international.

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