Biographie factuelle

Émile Ratier naît en 1894 à Soturac dans une famille d’agriculteurs. Après la Première Guerre mondiale, il rejoint la ferme familiale et travaille comme marchand de bois puis sabotier. À partir des années 1960, sa vue baisse progressivement jusqu’à la cécité. Ce contexte déclenche une production d’objets et de sculptures mobiles conçues pour être manipulées, écoutées et perçues au toucher. Le recours à des matériaux simples et de récupération structure son vocabulaire formel. Il décède en 1984 à Villeneuve-sur-Lot.

Repéré par des amateurs et critiques de l’art brut, Ratier entre dans des collections spécialisées et bénéficie de présentations en institutions dédiées. Des galeries et projets centrés sur l’art brut contribuent également à sa diffusion, tout comme des expositions thématiques consacrées aux créateurs autodidactes au sein de musées européens.

Style de l’artiste (objectif)

Le registre d’Émile Ratier est narratif et fonctionnel. Les sculptures privilégient des formes lisibles, des silhouettes architecturées ou des scènes de la vie rurale. L’agencement repose sur l’assemblage d’éléments en bois, renforcés par des clous, cordes, fils ou plaques, avec parfois des systèmes de manivelles qui déclenchent un mouvement. L’approche est empirique et additive, sans recherche d’ornementation superflue. L’œuvre vise une interaction directe et simple, conforme à l’esthétique de l’art brut et de la création autodidacte.

Techniques, matériaux, périodes

Matériaux et assemblage

Bois de récupération, planchettes, tasseaux, clous et vis, cordes et fils métalliques constituent la base. Des plaques, couvercles ou éléments ménagers détournés peuvent compléter la structure. L’assemblage privilégie la stabilité mécanique et l’accessibilité tactile. Les éléments mobiles sont actionnés par manivelles ou poignées simples.

Périodes d’activité

La production connue se concentre à partir du début des années 1960, avec une intensification dans les années 1970. Les sujets récurrents incluent des scènes rurales, des véhicules, des manèges et des architectures emblématiques. La période tardive montre des constructions plus ambitieuses dans la taille et la complexité mécanique.

Typologies d’œuvres

Constructions mobiles à manivelles. Structures architecturées d’inspiration urbaine. Scènes animées où les figures et accessoires se mettent en mouvement. Petites sculptures animales ou agricoles. Dispositifs sonores simples produits par frottement ou cliquetis des pièces en contact.

Analyse du marché: typologies, cote, valeur, facteurs déterminants

Typologies les plus recherchées

Les structures architecturées et les grandes constructions animées concentrent la demande. Les pièces associées à des expositions muséales ou issues de collections de référence présentent un avantage net. Les sujets identifiables et emblématiques, notamment les représentations de monuments, obtiennent des résultats supérieurs à des formats comparables sans référence iconique.

Fourchettes de prix observées

Les petites constructions se situent souvent entre 1 500 € et 6 000 €. Les constructions moyennes ou complexes se positionnent autour de 5 000 € à 15 000 €. Les formats importants et les pièces avec provenance, exposition et documentation solides peuvent atteindre 20 000 € à 30 000 € ou davantage selon la concurrence en salle et l’attractivité du sujet. Les archives restent complémentaires et n’ont de levier sur la valeur qu’en lien direct avec une œuvre.

Facteurs de valeur

Provenance reconnue et traçabilité complète. Présence dans des collections publiques ou privées de référence. Expositions et publications mentionnant précisément l’œuvre. Taille, complexité mécanique et qualité d’assemblage. État structurel et stabilité des parties mobiles. Thématique identifiable et emblématique. Contexte d’enchères spécialisé art brut et outsider art.

Analyse technique de la thématique (matériaux, périodes, écoles, caractéristiques)

La thématique Ratier relève de l’art brut et de la création autodidacte. Les matériaux de récupération demeurent centraux, avec une prédominance du bois. Les périodes 1960-1980 concentrent l’essentiel des œuvres. Les caractéristiques récurrentes sont la mobilité, la manipulation par manivelle, l’ancrage dans le souvenir et la vie rurale, et l’attention portée à la perception tactile et sonore. Les séries ou ensembles cohérents, parfois dédiés à un même motif technique, intéressent particulièrement les institutions et collectionneurs spécialisés.

Marché des enchères

• Piasa, Paris, 24/09/2025, vente “Art Brut & Cie. Collection Antoine de Galbert”, lot 117, adjugé 64 288 € frais inclus. Œuvre d’Émile Ratier présentée au sein de la section Outsider Art de la dispersion.
• Bonhams – Cornette de Saint Cyr, Paris, 29/03/2013, “Art Contemporain & Art Brut – Partie II”, lot 214 “Sans titre (Manège avec voitures et animaux)”, résultat publié dans les relevés de vente. Adjudication en euros, frais inclus.
• Tajan, Paris, 13/11/2024, “Les Francs-Tireurs de l’Art: Bruts, Naïfs, Singuliers et autres Outsiders”, lot dédié à une construction en bois estimée 3 000 € – 6 000 €; résultat final publié après-vente par l’organisateur.
• Piasa, Paris, 24/09/2025, même vente, lot 122, adjugé 20 992 € frais inclus, œuvre apparentée dans la même catégorie d’art brut.

Conclusion

Le corpus d’Émile Ratier s’inscrit au cœur de l’art brut, avec des pièces à la fois didactiques et interactives. Le marché valorise la lisibilité des sujets, la qualité mécanique, la taille et la provenance, ainsi que la présence dans des expositions ou collections spécialisées. Pour obtenir une lecture actualisée de la valeur d’une œuvre d’Émile Ratier, une estimation gratuite peut être sollicitée auprès de Fabien Robaldo, sur la base de photographies, dimensions, état, historique et toute documentation disponible.

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