Le rôle de Charlotte Perriand dans la collaboration avec Le Corbusier

Biographie de Charlotte Perriand : une designer visionnaire

Née en 1903 à Paris, Charlotte Perriand étudie à l’Union centrale des arts décoratifs, où elle se forme aux arts appliqués. Elle se fait remarquer dès 1927 avec son “Bar sous le toit”, une installation au Salon d’Automne qui attire l’attention de Le Corbusier. Ce dernier, initialement sceptique, est convaincu par son approche novatrice du mobilier en métal et l’intègre à son atelier rue de Sèvres, où elle collabore avec lui et son cousin Pierre Jeanneret.

Perriand travaille au sein de l’atelier Le Corbusier de 1927 à 1937. Durant cette décennie, elle participe activement à la conception de meubles devenus iconiques, comme la chaise longue LC4, le fauteuil LC2 ou la chaise LC7. Ces créations, bien que souvent attribuées à Le Corbusier seul, sont le fruit d’un travail collectif où Perriand apporte ses compétences techniques, son sens de l’ergonomie et une sensibilité nouvelle aux matériaux industriels.

Une collaboration fondatrice du mobilier moderniste

Les apports spécifiques de Perriand

Charlotte Perriand introduit dans l’atelier une nouvelle approche du mobilier, fondée sur la fonctionnalité, la simplicité des formes et l’utilisation de matériaux modernes comme le tube d’acier chromé, le cuir ou l’aluminium. Elle s’inspire des innovations du Bauhaus et des principes du machinisme pour concevoir des meubles adaptés à la vie moderne.

Son rôle dans la conception des meubles LC (Le Corbusier) est aujourd’hui reconnu par les historiens du design. Elle est notamment à l’origine de la célèbre chaise longue LC4 (1928), conçue avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, pensée comme une “machine à se reposer”.

Une reconnaissance tardive mais croissante

Pendant longtemps, les créations issues de cette collaboration furent commercialisées sous le seul nom de Le Corbusier. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que le rôle de Perriand a été pleinement reconnu, notamment grâce aux recherches de Charlotte Perriand elle-même et à la réédition des meubles par Cassina avec mention des trois co-auteurs. Cette reconnaissance a eu un impact direct sur la valeur des pièces attribuées à Perriand sur le marché de l’art et des enchères.

Charlotte Perriand sur le marché de l’art : cote, estimation et ventes

Une cote en constante progression

Les créations de Charlotte Perriand bénéficient aujourd’hui d’une cote soutenue sur le marché des ventes aux enchères. Les collectionneurs et institutions recherchent activement ses pièces, qu’elles soient issues de sa collaboration avec Le Corbusier ou de sa production personnelle postérieure. Selon Christie’s, une chaise longue LC4 d’époque, co-signée Le Corbusier, Jeanneret et Perriand, a été vendue 56 250 € le 9 novembre 2022 (Christie’s Paris, lot 115). Une bibliothèque en chêne conçue pour la station de ski des Arcs, projet qu’elle dirigea dans les années 1960-70, a été adjugée 92 000 € chez Artcurial en 2021 (lot 37). Ces résultats témoignent de l’intérêt croissant pour son œuvre, tant dans le design que dans l’architecture intérieure.

Critères d’estimation

L’estimation d’une pièce de Charlotte Perriand repose sur plusieurs critères :

• L’authenticité et la période de fabrication (pièces d’époque ou rééditions)
• Les matériaux utilisés (bois, aluminium, cuir, acier tubulaire)
• L’état de conservation
• La provenance (commandes spéciales, projets comme Les Arcs, Cité Radieuse, etc.)
• La rareté du modèle

Les pièces conçues dans le cadre de projets spécifiques comme les logements étudiants de la Maison du Brésil ou la station des Arcs possèdent une valeur historique et esthétique particulière.

Les matériaux et techniques utilisés

Charlotte Perriand a expérimenté une grande variété de matériaux tout au long de sa carrière. Dans les années 1930, elle privilégie le métal et le cuir, influencée par l’esthétique industrielle. Après un séjour au Japon en 1940, elle s’oriente vers des matériaux naturels et locaux comme le bois, le bambou ou le rotin. Cette évolution témoigne de son engagement pour un design fonctionnel, respectueux de l’environnement et centré sur l’humain.

Un héritage durable dans l’histoire du design

Charlotte Perriand a marqué durablement l’histoire du design moderne par son approche humaniste, son sens de la modularité et sa capacité à intégrer le mobilier dans une vision architecturale globale. Sa collaboration avec Le Corbusier a permis de faire émerger un mobilier emblématique du XXe siècle, dont la reconnaissance actuelle se traduit par une forte demande sur le marché de l’art. Son œuvre personnelle, notamment ses projets pour Les Arcs, la Maison du Mexique ou le Centre universitaire de Caracas, fait aujourd’hui l’objet d’expositions et de rééditions, consolidant sa place au panthéon du design.

Conclusion

Le rôle de Charlotte Perriand dans la collaboration avec Le Corbusier est aujourd’hui pleinement reconnu, tant par les historiens que par le marché des enchères. Ses créations, qu’elles soient issues de cette collaboration ou de sa production autonome, atteignent des prix élevés et suscitent un intérêt croissant.

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