Biographie factuelle

Gottardo Segantini naît à Pusiano, près de Côme, en 1882. Il est le fils ainé du peintre Giovanni Segantini et de Bice Bugatti. Il reçoit très jeune un enseignement du dessin. Entre 1899 et 1900, il fréquente l’Académie de Brera à Milan. Des séjours d’étude ont lieu à Munich et Berlin au début des années 1900. À partir des années 1900-1910, sa vie et sa pratique s’ancrent à Maloja en Engadine. Il y travaille presque toute sa carrière, avec quelques périodes passées à Rome et Zurich. Il meurt à Maloja en 1974.

Sa production couvre plus de six décennies, avec une concentration d’œuvres paysagères représentant les lacs, sommets et vallées grisonnes. L’artiste réalise aussi des compositions de bergerie, des vues de villages et quelques natures mortes. Des estampes et gravures complètent un corpus dominé par la peinture.

Style de l’artiste

Le langage pictural de Gottardo Segantini est influencé par l’environnement alpestre et par l’héritage divisionniste de son père. Sur le plan formel, il emploie fréquemment des touches fragmentées et serrées qui structurent les aplats et définissent les volumes. Les sujets sont traités de manière directe, avec une attention au rythme des masses, aux lignes d’horizon et aux plans d’eau. La lisibilité des motifs est prioritaire, la composition privilégie souvent un équilibre frontal et des diagonales simples. Les contours restent nets et les contrastes colorés viennent organiser l’espace, sans effets de matière excessifs.

Techniques, matériaux, périodes

Supports et médiums

Peintures à l’huile sur toile ou sur panneaux de fibres type Hartfaserplatte ou Pavatex, fréquents dès les années 1930-1960. Œuvres sur papier en graphite, aquarelle, gouache. Estampes en techniques variées dont eau-forte et aquatinte. La signature “GottardoS” ligaturée apparaît souvent sur les peintures tardives, parfois “Gottardo” ou “G. Segantini”.

Formats et séries

Petits formats de cabinet pour des études ou vues resserrées. Formats moyens et grands pour des panoramas de l’Engadine, vues du lac de Sils, du Piz Lagrev, scènes de labour ou de bergerie. Récurrence de motifs en variantes datées à plusieurs années d’intervalle.

Périodes

Période de formation jusqu’aux années 1910 avec sujets lombards et tessinois. Années 1920-1930 marquées par la stabilisation du vocabulaire paysager. Années 1940-1960 très productives sur supports fibres, avec une palette claire et un réseau de touches serrées. Œuvres tardives des années 1960-1970 reprenant les mêmes sites avec une écriture consolidée.

Analyse du marché: typologies, cote, valeur, facteurs déterminants

Typologies demandées

Les vues identifiables de l’Engadine sont recherchées, notamment lac de Sils, Maloja, Piz Lagrev. Les scènes pastorales et de labour disposent d’un public régulier. Les œuvres sur papier et les estampes constituent une porte d’entrée plus accessible.

Fourchettes de valeur et dynamique

Les peintures à l’huile sur toile ou panneau constituent la part la plus élevée de la valeur, avec des prix observés entre environ 2 700 € et 28 000 €, selon le format, la visibilité du motif, la date et la qualité d’exécution. Les œuvres sur papier restent en général sous 5 000 €, sauf pièces abouties ou formats importants. Les estampes se situent souvent en dessous de 500 € pour des sujets courants.

Facteurs déterminants

Identification du site représenté et attrait du sujet. Format et impact visuel. Datation et période recherchée. Signature lisible, inscriptions au revers. Provenance documentée. Présence d’un avis d’expert ou d’un enregistrement auprès d’institutions spécialisées. État de conservation. Présence d’expositions antérieures.

Analyse technique de la thématique

Matériaux et pratiques

Usage constant de l’huile. À partir des années 1930, emploi fréquent de panneaux de fibres type Hartfaserplatte ou Pavatex, légers et adaptés à une touche divisée. Œuvres sur papier réalisées en graphite, aquarelle et gouache pour études ou compositions abouties. Estampes en eau-forte et aquatinte dérivées de sujets pastoraux et alpins.

Périodes et écoles

L’œuvre s’inscrit dans la continuité du divisionnisme italo-suisse et d’une école du paysage alpin du XXe siècle. Les périodes 1940-1960 concentrent les vues les plus directement associées à l’Engadine, avec une écriture serrée et une palette claire. Les années 1910-1930 installent les motifs et points de vue repris ensuite.

Caractéristiques récurrentes

Horizon souvent élevé, lignes de crêtes nettes, masses d’arbres en avant-plan, miroirs d’eau structurants. Signatures en bas à gauche ou à droite, datations fréquentes, mentions “Maloja” ou “Basel” au revers dans certains cas. Répétitions de sites avec variantes de saison et de lumière.

Marché des enchères

Exemples documentés avec prix en euros. Les montants en francs suisses sont convertis ici à titre indicatif en euros.

• Germann Auktionshaus, Zurich, 22 novembre 2005, lot 73, “Engadiner Landschaft mit Stall”, huile sur Pavatex, vendu 28 000 CHF, env. 26 000-29 000 € selon conversion.
• Germann Auktionshaus, Zurich, 26 novembre 2019, lot 432, “Zwei Kühe und ihre Kälber im Stall”, huile sur panneau, vendu 15 000 CHF, env. 14 000-15 500 €.
• Schuler Auktionen, Zurich, juin 2024, lot 3031, “Romana”, 1930, huile sur toile, adjugé 2 800 CHF, env. 2 600-2 800 €.
• Dorotheum, 27 octobre 2021, “San Pietro”, aquatinte signée, adjugée 140 €; Dorotheum, 4 octobre 2018, “Bei der Feldarbeit”, eau-forte signée, adjugée 320 €.

Conclusion

Le marché de Gottardo Segantini est régulier pour les paysages emblématiques de l’Engadine. La valeur dépend d’abord du sujet identifiable, du format, de la période et de la qualité d’exécution. Les œuvres documentées et signées trouvent plus facilement preneur. Pour situer précisément la valeur d’une œuvre, une expertise contextualisée est nécessaire. Vous pouvez solliciter une estimation gratuite auprès de Fabien Robaldo en envoyant des visuels, dimensions et informations de provenance.

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