Estimation Hains Raymond (1926-2005)

À partir des années 1949, il réalise des affiches lacérées, travail qu’il expérimente jusqu’en 1954. Ami de Jacques Villeglé, il utilise au départ des affiches trouvées dans la rue pour créer des toiles. Les mots deviennent de simples lettres au côté de tache de couleurs flottant dans l’espace de la toile. Ces collages inspirés du mouvement dada et des premiers collages de Pablo Picasso lui permettent de créer des toiles singulières nourries d’un vocabulaire fondé sur la littérature et l’ésotérisme. En 1957, il expose à Paris avec J. Villeglé à la Galerie Colette Allendy et réalise deux ans plus tard ses premières palissades. 

Il créait sans cesse de nouvelles formes grâce à des productions sérielles basées sur un jeu de langage faisant le lien entre ses œuvres. Peu à peu, les spéculations langagières prennent le pas sur ses affiches. À partir de 1964, il s’installe à Milan pendant sept ans. La même année, il participe à la Biennale de Venise où il expose des boîtes d’allumettes de très grand format, sculptées en bronze, nommées Saffa et Seita, nom des régies de pochettes d’allumettes italiennes et de tabac français. Avec ces “abstractions personnifiées”, il utilise ces noms comme des patronymes génériques afin d’établir une caricature de l’utilisation des objets issus du nouveau réalisme et leur monopole sur le marché de l’art. Il remet donc en cause le concept traditionnel de la commercialisation d’une oeuvre d’art car c’est l’idée qui prime sur la forme. À travers cette critique de la société de consommation, Hains Raymond invite le spectateur à une expérience intellectuelle. L’œuvre de Hains transgresse ainsi les modalités formelles de l’art contemporain, en faisant un artiste très recherché sur le marché de l’art.