Définition et description générale de la thématique

Née en 1943 et décédée en 2005, Judith Scott est une artiste américaine rattachée au champ de l’art outsider. À partir de 1987 et jusqu’en 2005, elle développe à Oakland un corpus sculptural construit par enroulement et ligature d’objets trouvés. Le procédé consiste à envelopper des supports hétérogènes avec de la laine, du fil, des tissus, des rubans et divers matériaux souples, jusqu’à constituer des volumes autonomes.

Les œuvres sont majoritairement sans titre. Certaines formes évoquent des faisceaux allongés, des volumes compacts, des verticales élancées, ou des assemblages intégrant un objet identifiable. Le vocabulaire plastique repose sur l’accumulation, la densité de ligatures et une palette colorée issue de fils et textiles disponibles. L’ensemble compose un corpus cohérent qui a suscité de nombreuses expositions en Europe et aux États-Unis.

Le positionnement de l’artiste dans l’histoire de l’art outsider et l’attention portée par les musées renforcent l’intérêt des collectionneurs. Le marché reflète cette reconnaissance par des adjudications régulières dans les sections “Outsider Art” des grandes maisons.

Typologies, matériaux, périodes, styles

Typologies d’œuvres

Le corpus de Judith Scott se structure autour de grandes familles formelles. On observe des formes allongées de type “faisceau” enroulé, des volumes cocons compacts, des structures verticales parfois dotées d’un socle, et des assemblages incluant un objet reconnaissable dans la masse tissée. Certaines œuvres montrent des configurations en croix ou des volumes en paire, reflet d’un intérêt récurrent pour la dualité.

Les œuvres restent “Untitled” dans leur immense majorité. Quelques mentions descriptives apparaissent ponctuellement au catalogue lorsqu’un élément est saillant, par exemple un “baseball bat” incorporé. Dans tous les cas, la logique de l’œuvre repose sur l’enveloppement serré et la stratification de fibres.

Matériaux employés

Les matériaux dominants sont la laine, le fil, la cordelette, les bandes de tissu et la gaze. Ils recouvrent des supports composés d’objets récupérés, de carton, de bois, de métal ou de plastique. Certains lots répertoriés mentionnent l’emploi de rotin, d’osier, de raphia et de fil de fer. Les dimensions varient du format de table au grand format d’environ un mètre ou davantage selon les assemblages.

Périodes de création

De 1987 à 1993 se met en place une syntaxe d’enveloppement dense et de volumes compacts, souvent de taille moyenne. Entre 1994 et 2000, la variété des formes s’élargit, avec des pièces plus allongées, des verticales et des volumes intégrant davantage d’objets. De 2001 à 2005, la production confirme ces typologies avec un usage soutenu de fibres diverses et d’assemblages complexes. Les œuvres restent cohérentes sur l’ensemble de la période, sans ruptures stylistiques radicales.

Caractéristiques récurrentes

Plusieurs paramètres reviennent fréquemment au catalogue des ventes et des expositions. On note l’absence quasi systématique de titre, la prédominance de matériaux textiles enrobant un support hétérogène, l’intégration d’objets trouvés, la répétition de ligatures et l’importance du geste d’enveloppement. Les formats se distribuent entre pièces de moyenne taille et œuvres de plus grand gabarit. Le soclage peut être moderne ou de présentation, selon les lots.

Facteurs simples influençant la valeur

Plusieurs facteurs factuels permettent d’apprécier la valeur d’une œuvre de Judith Scott. Ils n’impliquent pas d’analyse technique avancée et s’observent dans la documentation des lots.

1. Période et dimensions

Les œuvres situées dans la décennie 1990 sont bien représentées dans les ventes. Les dimensions influencent la valeur de manière directe, les formats importants étant souvent mieux valorisés, sous réserve d’équilibre formel et de qualité d’assemblage.

2. Matériaux et objet intégré

La présence d’un objet identifiable inclus dans la structure tissée peut constituer un repère pour les acheteurs. Certaines pièces explicitement liées à un objet, comme un bâton de baseball, ont suscité l’intérêt du marché. Le mix de matériaux textiles et le caractère immédiatement lisible du support peuvent soutenir la demande.

3. Provenance et expositions

Une provenance claire, incluant le Creative Growth Art Center ou des collections reconnues, renforce la crédibilité. La participation à des expositions institutionnelles et la mention dans des publications de référence améliorent la visibilité et la valeur perçue.

4. Documentation et historique de lot

Les catalogues détaillant les matériaux et les dimensions, avec un historique de collection et d’expositions, facilitent l’évaluation. Les lots ayant déjà été adjugés dans des ventes “Outsider Art” au sein de grandes maisons bénéficient d’un référentiel de prix utile.

5. Demande des collectionneurs outsider art

La catégorie outsider art a consolidé sa base de collectionneurs, en particulier à New York et en Europe. Le positionnement de Judith Scott au sein de cette catégorie soutient sa cote, notamment pour les œuvres des années 1990 présentant une construction dense et une intégration convaincante des supports.

Marché de l’art : demande, cote, valeur

Le marché de Judith Scott s’inscrit dans les vacations spécialisées “Outsider Art” et “Outsider and Vernacular Art”. Les adjudications observées ces dernières années montrent une fourchette récurrente pour des pièces de format moyen, généralement entre 20 000 et 50 000 dollars selon l’objet, la complexité et la provenance. Convertis en euros au cours des ventes, les montants ressortent fréquemment entre environ 20 000 euros et 45 000 euros pour des exemples comparables.

La demande est portée par des collectionneurs sensibles au corpus outsider et par des institutions actives dans ce champ. La visibilité internationale de l’artiste, nourrie par les expositions aux États-Unis et en Europe, soutient la stabilité de la valeur sur ce segment. La documentation sérieuse des lots, l’identification des matériaux et l’historique de collections de référence constituent des atouts concrets.

En France, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg, l’intérêt pour l’art outsider est actif, avec un suivi régulier des ventes américaines. Les œuvres bien documentées, de dimensions supérieures et dotées d’un objet support identifiable, se positionnent le plus souvent dans le haut de la fourchette observée. Les pièces compactes de format réduit, à documentation limitée, se situent plutôt dans la tranche basse, tout en restant demandées.

Résultats de ventes vérifiés (maison, date, lot)

Les adjudications ci-dessous donnent un repère factuel et récent pour des typologies différentes d’objets tissés de Judith Scott. Les prix sont indiqués en euros, sur la base des conversions communiquées par les résultats de vente.

• Christie’s New York, “Outsider and Vernacular Art”, 21 janvier 2021, lot 7, “Untitled (Heart)”. Prix de vente environ 43 263 euros.
• Christie’s New York, “Outsider Art”, 3 février 2022, lot 24, “Untitled (Baseball Bat)”. Prix de vente environ 35 638 euros.
• Christie’s New York, “Outsider Art”, 17 janvier 2020, lot 28, “Untitled (Cross), 1990”. Prix de vente environ 24 790 euros.
• Christie’s New York, “Outsider Art”, 17 janvier 2020, lot 33, “Untitled, 1993”. Prix de vente environ 22 537 euros.

Ces résultats illustrent la cohérence de la fourchette de valeur pour des œuvres de format moyen et de construction représentative du corpus. Les montants varient selon la taille, la présence d’un objet intégré, la provenance et la visibilité antérieure du lot.

Conclusion

Le corpus d’objets tissés de Judith Scott présente un profil lisible pour le marché, avec des typologies clairement établies, des matériaux récurrents et une demande internationale. Les adjudications publiées confirment une fourchette de valeur stable pour des œuvres comparables, en particulier celles des années 1990. Pour une analyse adaptée à une pièce précise, la prise en compte de la période, des dimensions, de la provenance, de la documentation et d’éventuels liens à des expositions est déterminante.

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