Tableau synthétique des valeurs observées

Biographie 

Nguyen Van Ro naît en 1921 à Lái Thiêu, localité réputée pour ses arts appliqués et son savoir-faire de la laque. Il s’inscrit dans la tradition des ateliers du Sud vietnamien qui développent la laque moderne tout en conservant des procédés vernaculaires. À partir de 1955 et jusqu’en 1975, il enseigne à l’école des beaux-arts de Gia Dinh, près de Saigon. Plusieurs artistes vietnamiens des générations suivantes mentionnent cette transmission. La carrière publique de Nguyen Van Ro reste discrète hors du Vietnam. Les œuvres connues proviennent souvent de collections privées formées pendant l’Indochine française, puis conservées en Europe. L’artiste décède en 1997. Sa présence dans les catalogues de ventes s’affermit après 2018, avec des apparitions régulières mais peu nombreuses, ce qui entretient une offre limitée. Cette rareté explique des écarts de résultats selon la technique, le format, l’état et la provenance documentée.

Style de l’artiste

Le vocabulaire iconographique de Nguyen Van Ro est stable. Les compositions privilégient les scènes rurales et fluviales. Les rizières, les embarcations, les berges et les silhouettes au travail structurent l’espace. Les verticales de bambous et les diagonales des rames installent la perspective. La laque rouge et or domine, avec des contrastes nets entre les aplats sombres et les rehauts métalliques. L’usage de la coquille d’œuf introduit des surfaces claires et granuleuses, utiles pour les ciels, l’écume ou les détails architecturaux. Les contours sont précis mais économes. La touche en huile reste mesurée, au service d’un dessin lisible et de motifs centrés. Les bouquets, fréquents dans les huiles, reprennent cette syntaxe simple. L’ensemble produit des images immédiates, lisibles, ancrées dans un registre figuratif constant. L’approche demeure descriptive et structurée, sans recherche d’effets expressionnistes. Le regard se porte sur l’ordonnancement du paysage et l’articulation des masses.

Techniques, matériaux, périodes

Laque vietnamienne

La laque est une superposition de couches polies. Les panneaux de Nguyen Van Ro combinent la base noire ou rouge, des dorures, parfois des feuilles métalliques, et des incrustations de coquille d’œuf. La mise en place suit des étapes codifiées: préparation du support en bois, application de couches successives, polissage, pose des rehauts. Le rouge et l’or sont récurrents. La coquille d’œuf, brisée en fragments réguliers, sert de matière réfléchissante et de trame fine pour les zones lumineuses. Cette technique donne un relief discret et une brillance contrôlée. Le format varie du petit panneau rectangulaire au grand panneau dépassant un mètre de large.

Huile sur toile

Les huiles sont moins nombreuses mais bien identifiées. On rencontre des sujets floraux, des jonques et des paysages. Les formats restent modestes à moyens. La pâte est fine, la couleur retenue. Les signatures apparaissent en bas à droite ou à gauche, parfois datées.

Périodes

Les pièces importantes en laque se situent majoritairement dans les années 1950-1960. Les huiles datées mentionnent souvent les années 1960. Les réalisations postérieures entretiennent la même grammaire formelle. La période d’enseignement à Gia Dinh correspond à une production de laques à sujets ruraux et fluviaux, souvent de grand format.

Analyse du marché: typologies, cote, valeur, facteurs déterminants

Typologies recherchées

Trois familles concentrent la demande. Les grands panneaux laqués rouge et or à sujets de rizière ou de fleuve. Les laques de format moyen à motifs de bambous, jonques et scènes villageoises. Les huiles sur toile à sujet floral, parfois datées des années 1960. Les diptyques ou paires de panneaux constituent un segment spécifique. Les œuvres avec provenance identifiée Indochine et cadre d’origine obtiennent une prime notable.

Fourchettes de valeur observées

Les grands formats en laque dépassent régulièrement 20 000 EUR lorsque le sujet est emblématique et le format supérieur à 80 cm. Les formats moyens de 50 à 80 cm se situent fréquemment entre 6 000 et 20 000 EUR. Les petits formats aboutissent entre 3 000 et 8 000 EUR selon la finition et la qualité du décor. Les huiles florales ou de paysage s’établissent souvent de 2 000 à 6 000 EUR pour les petits formats, et jusqu’à 10 000 EUR pour les formats moyens quand le motif est abouti. Ces niveaux correspondent à des adjudications publiques récentes. Les variations s’expliquent par le format, la datation, la finesse du travail de laque et la cohérence iconographique avec l’ensemble de l’œuvre connue de Nguyen Van Ro.

Facteurs déterminants

Format et technique constituent les premiers leviers de valeur. La laque rouge et or avec incrustations de coquille d’œuf attire davantage d’enchérisseurs que les techniques secondaires. Le sujet a un effet direct. Rizières, jonques, scènes rurales et bambous sont mieux identifiés par les acheteurs que des compositions plus rares. La provenance et la documentation, notamment un historique en Indochine, accroissent la confiance et soutiennent les prix. La visibilité récente dans les ventes spécialisées en art vietnamien contribue à la lisibilité de la cote. À l’inverse, les œuvres au format réduit ou à motif moins iconique se situent dans des plages plus accessibles. Enfin, la réunion de deux panneaux ou d’un diptyque crée une dynamique positive, car l’offre est peu abondante.

Analyse technique de la thématique: matériaux, périodes, écoles, caractéristiques

La thématique Nguyen Van Ro se rattache à l’école vietnamienne de la laque moderne du Sud. Les matériaux clés sont la laque colorée, l’or et la coquille d’œuf. Le bois constitue le support principal. Les panneaux emploient des compositions en plans successifs. Les lignes de berges et d’arbres structurent la profondeur. Les années 1950-1960 représentent la période la plus recherchée pour la laque. L’école de Gia Dinh relaie un savoir-faire méthodique qui privilégie la lisibilité du motif et la stabilité de la surface. Les caractéristiques récurrentes sont les dominantes rouge et or, les rehauts lumineux fournis par l’incrustation, et une écriture figurative claire. Les huiles s’alignent sur cette économie de moyens: dessin précis, couleurs contenues, sujets identifiables. La signature apparaît de manière régulière.

La cohérence entre sujet, technique et format facilite l’analyse et l’estimation. La présence d’inscriptions, de sceaux, ou d’un cadre d’origine en laque renforce la documentation. La comparaison avec d’autres maîtres laqueurs du Sud éclaire la place de Nguyen Van Ro dans une lignée où la technique traditionnelle est adaptée à des scènes modernes, centrées sur le paysage et la vie rurale.

Marché des enchères

• Art Valorem, Paris, 09/04/2018, lot 285, “Le bananier”, laque à l’or sur fond rouge, 83 x 122 cm. Adjugé 57 150 EUR.
• AuctionArt Paris, 25/09/2020, vente Asian Arts, lot 160, panneau laqué or sur panneau, 73,1 x 122,2 cm. Adjugé 16 510 EUR frais inclus.
• Tajan, Paris, 11/06/2018, lot 49, panneau en laque polychrome et or, adjugé 3 900 EUR.
• MILLON, Paris, 01/04/2022, vente Art du Vietnam, lot 111, “Bouquet de fleurs, 1968”, huile sur toile, adjugé 6 000 EUR.

Conclusion

Le corpus public de Nguyen Van Ro reste peu abondant, ce qui accentue l’effet du format, de la technique et du sujet sur la valeur. Les grands panneaux laqués rouge et or des années 1950-1960, à sujets de rizière ou de fleuve, concentrent les plus hauts résultats. Les formats moyens en laque suivent avec une demande stable. Les huiles sur toile constituent un segment distinct, plus accessible, apprécié pour les bouquets et paysages clairs. Une provenance Indochine et la présence d’inscriptions ou d’un cadre d’origine renforcent l’attractivité. Pour situer précisément votre œuvre et obtenir une estimation gratuite, contactez Fabien Robaldo. L’examen des dimensions, de la technique, du sujet et de la documentation permettra d’établir une opinion de valeur argumentée et de positionner l’œuvre dans la fourchette de marché pertinente.

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