Tableau synthétique des valeurs par grandes catégories

Biographie factuelle

Nguyen Tuong Lan naît en 1906. Il intègre l’École des Beaux-Arts de l’Indochine à Hanoï et sort diplômé de la 4e promotion 1928-1933. Il appartient au quatuor historique souvent cité sous la forme “Tri – Van – Lan – Can”, aux côtés de Nguyen Gia Tri, To Ngoc Van et Tran Van Can. La carrière est brève mais dense. Les années 1930 concentrent ses compositions les plus recherchées, souvent des figures féminines, scènes au jardin, pagodes, paysages de marchés ou de villages. Il meurt en 1946. Une part notable de sa production a disparu ou reste en collections privées, ce qui renforce la rareté des œuvres abouties sur soie des années 1930. Les musées vietnamiens conservent quelques exemples de référence. Le marché public documente des provenances anciennes, notamment françaises, issues de séjours coloniaux ou d’achats directs auprès de l’artiste. Cette circulation explique la présence régulière d’œuvres à Paris, où s’est structurée une demande internationale pour la peinture indochinoise du premier XXe siècle.

Style de l’artiste objectif et non poétique

Le langage visuel de Nguyen Tuong Lan se caractérise par des compositions lisibles, un cadrage net et une mise en page pensée pour la soie. Les figures occupent souvent le premier plan et s’inscrivent dans des environnements végétaux ou architecturaux minimalistes. Le traitement des volumes procède par aplats contrôlés et rehauts discrets. Les contours demeurent fermes, sans ligne dure. Les carnations et textiles sont modulés par lavis successifs, ce qui favorise des transitions propres aux techniques à l’eau. La palette reste maîtrisée, avec des beiges, bruns, verts et bleus moyens, ponctués de rehauts plus clairs. La touche privilégie la précision à la virtuosité apparente. Le regard est orienté vers la scène, rarement frontal. La place donnée aux jeunes femmes en áo dài, aux offrandes et aux scènes rituelles, répond à un corpus récurrent de l’École de Hanoï. La sobriété des décors permet une lecture immédiate des gestes. L’ensemble est cohérent avec l’enseignement académique adapté aux matériaux locaux. Cette construction explique la bonne lisibilité de l’œuvre sur le marché actuel, où les sujets identifiables et la main affirmée priment.

Techniques, matériaux, périodes

Soie marouflée et techniques à l’eau

La soie marouflée sur papier constitue le support emblématique. Les pigments sont posés en couches successives. Les mentions de “gouache sur soie”, “encre et gouache sur soie” ou “aquarelle et encre sur soie” décrivent des variantes d’une même famille technique à l’eau. La préparation de la soie et la qualité du marouflage influent sur la stabilité visuelle. Les signatures “NT Lan” et les cachets rouges apparaissent dans l’angle inférieur, parfois doublés d’une inscription au revers avec titre et date. Les formats horizontaux compris entre 30 x 70 cm et 50 x 80 cm dominent pour les scènes de genre. Les formats verticaux, autour de 60 x 35 cm, se rencontrent pour les figures isolées.

Aquarelle sur papier

L’aquarelle sur papier, autonome, reste plus rare. On la rencontre sur des feuilles de moyen format, avec des mises en couleur légères. Les sujets suivent les mêmes thèmes, mais le support papier entraîne des valeurs inférieures à la soie. Cette catégorie intéresse les collectionneurs qui recherchent une œuvre de l’artiste à un budget maîtrisé, sans renoncer à la main et aux sujets de référence.

Huiles et laques

La pratique de l’huile existe mais ne constitue pas le cœur de la demande pour l’artiste, contrairement à d’autres membres du quatuor. Les œuvres en laque, plus rares, sont suivies par un public spécifique de l’art indochinois. La hiérarchie des prix place clairement la soie colorée des années 1930 au sommet de la courbe.

Analyse du marché typologies, cote, valeur, facteurs déterminants

Typologies et sujets

Les thèmes les plus porteurs sont les figures féminines en áo dài, les scènes de pagode, la cueillette de lotus, les embarcations et les intérieurs. Les paysages ruraux et marchés animent la seconde ligne. Les portraits masculins se rencontrent moins souvent. Les titres d’époque ou au revers renforcent l’intérêt. Les œuvres titrées, datées et signées des années 1930 affichent des prix supérieurs à des feuilles postérieures sans titre.

Facteurs de valeur

La période prime. Les œuvres datées de 1933 à 1936 forment le noyau des adjudications de tête. Le support soie renforce la valeur face au papier. La présence d’une provenance continue, d’une étiquette d’exposition ou d’une mention d’un collectionneur connu soutient la demande. Les signatures et cachets nets, la clarté du sujet et le format supérieur à 45 cm de côté contribuent positivement. Les formats atypiques nécessitent une analyse comparée. Paris et Hong Kong restent les deux places où la compétition est la plus soutenue, ce qui se traduit par des niveaux élevés quand la qualité est au rendez-vous.

Tendance récente

Depuis 2023, la peinture indochinoise de la première génération enregistre un regain d’intérêt. Les résultats importants obtenus à Paris et Hong Kong ont entraîné une réévaluation des fourchettes supérieures pour les soies majeures. La demande reste sélective. Les œuvres abouties, bien documentées, concentrent les enchères. Les pièces d’atelier ou d’attribution périphérique se négocient à des niveaux inférieurs, malgré une apparence proche des originaux, ce qui renforce l’écart de prix entre sommet et moyenne de marché.

Provenance et documentation

La lisibilité de la provenance, les mentions d’expositions et les certificats d’experts spécialisés dans l’art vietnamien sont des éléments décisifs. Les catalogues de ventes anciennes, étiquettes au dos, photographies d’époque ou correspondances avec des familles colonielles françaises apportent des garanties recherchées. Les œuvres issues de collections historiques suscitent une compétition accrue en salle.

Analyse technique de la thématique aquarelles matériaux, périodes, écoles, caractéristiques

Matériaux et gestes

Pour les aquarelles et assimilées sur soie, la superposition de lavis fins alterne avec des rehauts opaques. Le dessin sous-jacent organise la composition, puis l’artiste pose les teintes claires avant les foncées. Les carnations sont construites par transparences. Les contours sont souvent repris à l’encre. Cette méthode conjugue précision du dessin et souplesse des pigments à l’eau. La soie, plus absorbante que le papier, autorise des transitions douces caractéristiques. Sur papier, l’aquarelle gagne en nervosité mais perd l’effet de profondeur propre à la soie marouflée.

Périodes actives

Les années 1930 forment la séquence la plus recherchée pour les aquarelles et techniques à l’eau. Les feuilles datées de 1933-1935, liées aux premières années post-diplôme, sont aujourd’hui au sommet de la cote. Les années 1940 existent sur le marché, avec une palette parfois plus contrastée. Le corpus antérieur à 1933 reste très limité en circulation publique.

École et réseau

L’École des Beaux-Arts de l’Indochine a structuré une esthétique partagée autour de la soie, de la laque et des matériaux locaux. Le réseau de pairs et de collectionneurs issus de cette école a favorisé la conservation d’œuvres majeures en France. Ce contexte explique que Paris concentre de nombreuses adjudications de référence pour la peinture vietnamienne du premier XXe siècle. L’ancrage de cette école reste un facteur de valeur sur le marché européen.

Marché des enchères résultats publics sélection limitée

• Christie’s Hong Kong, 26 septembre 2024, lot 129, “Dans les lotus”, encre et gouache sur soie, 46,5 x 78 cm, adjugé 3 150 000 HKD, soit env. 372 000 € au taux du jour.
• Auctie’s, Drouot, Paris, 31 mars 2023, “Temple” encre et gouache sur soie, adjugé 62 400 €.
• Auctie’s, Drouot, Paris, 20 décembre 2024, “Hiện vẻ hoa – Montrer les fleurs”, encre et couleurs sur soie, attribué à l’atelier de Nguyen Tuong Lan, adjugé 90 000 €.

Ces résultats confirment la primauté des œuvres sur soie colorée et, dans une moindre mesure, des aquarelles sur papier. Ils illustrent une hiérarchie nette entre feuilles d’atelier et œuvres autographes abouties. Ils situent également le rôle central de Paris et Hong Kong pour la liquidité et la visibilité internationale.

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Si vous possédez une aquarelle, une encre ou une gouache sur soie de Nguyen Tuong Lan, une évaluation à jour du marché permet de vérifier la valeur actuelle et d’identifier les facteurs précis qui la soutiennent. Une provenance documentée, un titre d’époque, une date lisible et une bonne lisibilité des signatures et cachets sont déterminants. Pour une analyse rapide, transmettez des photographies globales et de détails, les dimensions à vue et hors tout, toute information d’origine ou d’exposition. Fabien Robaldo réalise une estimation gratuite, indépendante et argumentée, en lien avec les résultats récents et les comparables pertinents. Cette estimation peut être conduite, en régions ou à distance.

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