Zinaïda Serebriakova: élégance et sensibilité dans la peinture – introduction
Figure majeure de l’art russe et européen du 20e siècle, Zinaïda Serebriakova est recherchée pour ses portraits, ses nus et ses pastels réalisés en Russie puis en France. Ses oeuvres couvrent plusieurs périodes clés, de l’avant 1917 à l’exil parisien et aux séjours marocains. Sur le marché international, ses huiles importantes atteignent des montants élevés, tandis que ses pastels et dessins montrent une activité régulière dans les ventes publiques à Londres, Paris, Vienne et New York. Cet article présente des repères factuels sur les typologies, les matériaux, les périodes et les critères simples qui influencent la valeur, ainsi qu’une synthèse de la demande et de la cote observée, avant d’illustrer ces éléments par quelques résultats de ventes vérifiés.
Définition et description générale
Zinaïda Serebriakova, née en 1884 et décédée en 1967, appartient à une génération d’artistes formés en Russie impériale et actifs ensuite en Europe occidentale. Formée au dessin et à la peinture, elle construit une oeuvre identifiable par des sujets figuratifs et une pratique soutenue du pastel. Son corpus comprend des portraits familiaux, des nus féminins, des scènes d’atelier, des sujets marocains réalisés lors de séjours à Marrakech et des compositions plus ponctuelles comme des natures mortes. Cette production, majoritairement antérieure aux années 1940 pour les pièces les plus recherchées, s’inscrit aujourd’hui dans un marché internationale. Les maisons de ventes britanniques présentent régulièrement ses lots, suivies par la France, l’Autriche et les Etats-Unis. Les collectionneurs attachent de l’importance à l’authenticité, à l’origine de propriété, aux expositions et publications, ainsi qu’à la lisibilité des inscriptions ou signatures. Les oeuvres significatives, identifiées, complètes dans leur sujet, sont celles qui concentrent l’intérêt et la valeur marchande.Typologies, matériaux, périodes, styles
Typologies courantes sur le marché
Le marché propose principalement trois familles d’oeuvres. Les huiles sur toile ou panneau, de formats variables, couvrent portraits, nus et compositions intérieures. Les pastels sur papier, parfois marouflés sur carton, constituent une part importante de l’offre, souvent des portraits féminins, des autoportraits ou des sujets marocains. Les dessins au crayon ou à l’encre apparaissent plus ponctuellement, généralement comme études de figures ou croquis préparatoires, avec des prix inférieurs aux pastels et aux huiles. Les gravures sont rares dans son oeuvre et peu présentes dans les vacations récentes. Les titres peuvent être fixés par l’artiste, par la tradition familiale ou par l’habitude du marché, et les désignations varient selon les catalogues et les langues. Lorsque disponible, l’identification du modèle, de la localisation et de la date apporte un surcroît de lisibilité et de valeur.Matériaux et formats rencontrés
Les matériaux les plus fréquents sont l’huile sur toile et le pastel sur papier. Les pastels, souvent en format compris entre 45 x 35 cm et 65 x 50 cm, constituent un segment dynamique, notamment pour les portraits féminin et les sujets marocains datés de 1928 et 1932. Les huiles atteignent des dimensions plus variées, de la petite toile de buste aux compositions allongées pour les nus allongés. Les annotations “Paris”, “Marrakech” ou “Bruxelles” apparaissent régulièrement, tout comme des signatures en alphabet latin ou cyrillique selon les périodes et les publics visés. Les provenances familiales directes et les transmissions de galerie parisienne ajoutent de la traçabilité. Les oeuvres exposées historiquement dans de grands événements, ou reproduites dans la littérature, présentent une attractivité supérieure sur le plan de la valeur.Périodes clés et sujets recherchés
Plusieurs repères rythment sa production. La période russe d’avant 1917 fournit des portraits et des scènes d’intérieur qui restent toutefois moins disponibles sur le marché. Les années 1923-1933, notamment l’installation à Paris et les séjours marocains de 1928 et 1932, forment le coeur du corpus apparu aux enchères, avec des nus et des portraits féminins très suivis. La période française des années 1940-1950 offre des pastels de modèles féminins, de jeunes filles et de sujets de commande, parfois avec des estimations et des résultats plus accessibles que les huiles des années 1920. Les autoportraits apparaissent régulièrement et bénéficient d’une demande soutenue. Les sujets marocains, identifiés par des inscriptions “Marrakech” ou par le costume, constituent une sous-catégorie lisible pour les collectionneurs et la valeur s’y construit sur la qualité iconographique et le degré d’achèvement.Signatures, inscriptions et documentation
Les signatures peuvent être en latin “Z. Serebriakova” ou en cyrillique, avec des dates manuscrites. Des cachets d’atelier, des numéros d’inventaire ou des anciennes étiquettes d’exposition apparaissent au revers de certaines huiles. Les labels d’expositions historiques comme New York 1924 ont été relevés sur des pièces majeures. La documentation éditoriale, les références à des expositions muséales et les certificats délivrés par des spécialistes de l’artiste sont des éléments d’attribution et de traçabilité pris en compte par le marché, avec un effet favorable sur la lisibilité et la valeur.Facteurs simples influençant la valeur
Période, sujet, rareté
La période 1923-1933 est la plus recherchée, notamment pour les nus et grands portraits identifiés. Les sujets marocains des années 1928 et 1932 sont suivis par les collectionneurs. Les autoportraits concentrent une demande soutenue. La rareté d’un motif, l’identification précise du modèle et une datation proche des jalons importants soutiennent la valeur. A l’inverse, les sujets tardifs de moindre ambition ou les études rapides présentent en général des résultats inférieurs aux pièces abouties, mais ils restent intéressants dans des budgets plus contenus.Medium et format
Les huiles abouties atteignent des montants élevés. Les pastels bien composés, de format standard, s’établissent sur une fourchette intermédiaire. Les dessins et études affichent des niveaux plus accessibles. Les formats supérieurs, lorsqu’ils conservent un équilibre de composition et une exécution soignée, peuvent bénéficier d’une prime. Les petits formats bien identifiés et datés, en particulier les pastels de modèles marocains, ont montré une constance de demande.Provenance, expositions, littérature
Une provenance familiale directe, une acquisition ancienne auprès de l’artiste à Paris, ou un historique de galerie connue, augmentent la confiance du marché. La participation à des expositions historiques, la présence dans les catalogues d’époque, et la mention dans des publications spécialisées renforcent la traçabilité et contribuent à la valeur. Les certificats de spécialistes ou de fondations liés à l’artiste sont fréquemment cités dans les notices de vente.Documentation d’origine et inscriptions
La présence d’inscriptions de lieu, de date, et d’une signature claire oriente positivement les résultats. Les étiquettes d’anciennes expositions et les tampons d’atelier, lorsqu’ils existent, constituent un atout de traçabilité. Dans les catalogues, ces éléments descriptifs figurent en tête des arguments, immédiatement après le medium, les dimensions et le sujet. Ils agissent en synergie avec la période et le medium pour structurer la valeur finale.Marché de l’art: demande, cote, valeur
La cote de Zinaïda Serebriakova s’est affirmée au cours des deux dernières décennies, avec un record établi à Londres au milieu des années 2010 pour une huile majeure et des confirmations récurrentes pour les pastels de qualité. Les maisons de ventes spécialisées dans l’art russe placent régulièrement ses oeuvres dans leurs vacations de printemps et d’automne. Les niveaux observés montrent une segmentation claire. Les huiles abouties, grandes compositions de nus ou portraits iconiques datés des années 1920, peuvent atteindre des montants à sept chiffres en livres ou dollars lorsque le sujet, la qualité picturale et l’historique sont réunis. Les pastels sur papier, en particulier les modèles marocains datés 1928-1932 et les portraits féminins des années 1930, se situent souvent entre le moyen et le haut de la fourchette à cinq chiffres, avec des pointes au-delà lorsque la pièce est exceptionnelle par sa fraîcheur, sa datation et sa provenance. Les dessins préparatoires et études se négocient à des niveaux plus modérés, avec une demande orientée vers la clarté du sujet et l’attribution sans ambiguïté. La demande est internationale, structurée autour de collections privées attachées aux artistes du “monde de l’art” russe et de l’Ecole de Paris. L’offre reste limitée en huiles de premier plan, ce qui soutient les prix lors de l’apparition de pièces de référence. Les pastels, plus disponibles, connaissent une rotation régulière, avec des écarts sensibles selon le modèle, la date et la documentation. L’influence d’expositions muséales récentes et d’études monographiques se traduit par une stabilité de la valeur des pièces bien documentées. La visibilité numérique des archives et des catalogues des maisons de ventes facilite la comparaison des résultats et l’objectivation des critères recherchés par les acheteurs. Sur un plan pratique, trois éléments simples se combinent pour expliquer les écarts de valeur. D’abord, la concordance période-sujet-medium, qui place au sommet les huiles des années 1920 à sujets majeurs. Ensuite, la traçabilité, via une provenance continue et, si possible, une présence dans les expositions notables ou la littérature. Enfin, la clarté des inscriptions, qui oriente rapidement la confiance des acheteurs vers des pièces précisément datées et localisées. L’ajout d’un titre cohérent et stabilisé par l’usage renforce encore la lisibilité de l’oeuvre dans les catalogues.Résultats de ventes vérifiés
Les exemples ci-dessous illustrent les niveaux atteints par des oeuvres représentatives, avec l’indication de la maison, de la date et du numéro de lot. Les titres d’oeuvres sont donnés selon l’usage des catalogues et contribuent à la lisibilité et à la valeur sur le marché.- Sotheby’s Londres, 2 juin 2015, Russian Pictures, lot 51, “Study of a Sleeping Girl”, huile sur toile, prix réalisé 3 845 000 GBP.
- Christie’s New York, 24 avril 2006, Russian Paintings and Works of Art, lot 120, “Sleeping Nude”, huile sur toile, prix réalisé 1 416 000 USD.
- Christie’s Londres, 23 novembre 2020, Russian Art, lot 63, “Nude”, huile sur toile, prix réalisé 682 500 GBP.
- Dorotheum Vienne, 24 novembre 2015, Modern Art, lot 573, “Seated girl with bracelets”, pastel sur papier, prix réalisé 125 000 EUR.