Définition et description générale

Feodor Michailowitch Matveev (1758-1826) est un paysagiste russe formé à l’Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, qui s’établit ensuite durablement en Italie. Son œuvre est constituée majoritairement de paysages composés ou de vedute italianisantes, signés le plus souvent “F. Matveeff” avec des graphies latines, parfois suivies d’une mention “Roma” et d’une date.

La production parvenue jusqu’à nous est quantitativement restreinte sur le marché, nombre de tableaux étant conservés dans les collections publiques en Russie. Cette rareté explique une activité en ventes aux enchères irrégulière mais suivie, avec une demande ciblée sur les compositions abouties de grand format et sur certains ensembles documentés.

Typologies, matériaux, périodes, styles

Typologies principales

On rencontre chez Matveev deux familles d’œuvres. D’une part des paysages classiques “composés”, où la topographie est organisée selon un schéma académique. D’autre part des vedute identifiables de la campagne romaine, de Naples ou de Tivoli, parfois rattachées à des sites précis comme le Forum romain ou le Campo Vaccino.

Matériaux et techniques

Le médium privilégié est l’huile sur toile. On relève aussi, plus rarement sur le marché, des feuilles à l’encre et aquarelle pour des études et vues de petit format. Les toiles portent des signatures en caractères latins “F. Matveeff”, avec des variantes orthographiques mineures.

Périodes de réalisation

Les œuvres cotées se situent principalement entre les années 1790 et 1810, période d’activité italienne confirmée. Des datations comme 1796, 1797 ou 1811 apparaissent sur plusieurs œuvres passées en ventes publiques, corrélées à des vues de la campagne romaine ou du golfe de Naples.

Style et caractéristiques visuelles

Le langage pictural est celui du paysage classique européen tardif, avec une organisation rationnelle de l’espace, un éclairage maîtrisé et des plans étagés. La figure humaine tient un rôle de ponctuation et d’échelle. Ces paramètres sont appréciés par les acheteurs orientés vers les écoles anciennes et les paysages italiens d’époque napoléonienne.

Facteurs simples influençant la valeur

Le format et l’ambition compositionnelle jouent un rôle majeur. Un grand paysage abouti, portant une signature lisible et une date, se situe dans la tranche supérieure de valeur par rapport à une étude ou un petit format. Les paires ou ensembles cohérents suscitent un intérêt particulier.

L’attribution et la documentation comptent. Une œuvre signée et datée, avec historique de collection et bibliographie, est mieux accueillie que les attributions postérieures ou les mentions d’atelier. La présence d’un lieu identifiable en Italie renforce l’intérêt si la topographie est convaincante.

La provenance internationale rassure. Des parcours passés par des collections européennes ou des ventes londoniennes contribuent à la liquidité. Le positionnement de l’œuvre parmi les paysages italiens de la même décennie constitue un argument de marché rationnel.

La rareté sur le marché accentue la compétition. Les apparitions ponctuelles, notamment à Londres et à Paris, entraînent des résultats soutenus dès que la qualité picturale et la présentation sont au rendez-vous.

Marché de l’art : demande, cote, valeur

Le cœur de marché pour Matveev se situe dans les ventes internationales d’Old Masters, avec une clientèle composée de collectionneurs d’écoles anciennes et de spécialistes de l’art russe classique. Le segment est étroit mais actif lorsque des œuvres abouties font surface. Les ventes londoniennes, parisiennes et suisses ont concentré l’essentiel des adjudications marquantes depuis les années 2010.

La dispersion géographique des résultats reflète la circulation des paysages italiens sur les places internationales. Londres demeure un pôle majeur grâce à la visibilité des sections Old Masters. Paris dispose d’un écosystème dynamique pour l’art russe avec des ventes dédiées. Des maisons en Suisse et en Scandinavie ont également proposé des paysages attribués ou signés, avec des niveaux de prix corrélés à la qualité et à la documentation.

La cote de Matveev reste sélective et sensible à la hiérarchie interne de l’œuvre. Les pointes de valeur concernent des toiles abouties de grand format ou des paires cohérentes. Les feuilles et études, les œuvres de petite taille et les attributions se positionnent sur des niveaux nettement inférieurs, avec une amplitude de prix importante selon le contexte de vente.

Pour situer une fourchette de valeur réaliste, il est nécessaire d’examiner le format, la signature, la date, la topographie italienne représentée et l’historique de collection. Une comparaison stricte avec des adjudications vérifiées et récentes est incontournable avant toute prise de position.

Résultats de ventes vérifiés 

Les exemples ci-dessous illustrent la plage de prix observée sur des œuvres signées ou sur des ensembles cohérents, en indiquant la maison, la date de vente, le lot et le prix. Les montants sont présentés en euros, avec rappel de la devise d’origine le cas échéant.

• “A wooded landscape with shepherds…” et “A rocky wooded landscape…”, paire de paysages signés, Christie’s, Londres, 3 décembre 2014, Old Master & British Paintings Day Sale, lot 247. Adjugé 198 918 € (prix réalisé communiqué par la maison, équivalent à 158 500 £).

• “Campo Vaccino” (vue du Forum romain), Delvaux, Paris, 6 avril 2012, lot 97. Adjugé 270 000 € (montant cité par Christie’s à titre de référence de marché). 

• “View of the Roman Campagna”, John Moran, Altadena, 29 avril 2014, lot 1049. Adjugé 420 000 $ soit env. 303 000 € au taux de la période; prix confirmé par la communication de la maison et mentionné comme repère par Christie’s. 

Ces résultats confirment une demande soutenue pour les toiles signées et datées, les paires cohérentes et les vues italiennes de référence. Ils servent de base de comparaison pour caler une valeur actualisée en fonction du format, de la signature et de la documentation.

Conclusion

Le marché de Feodor Michailowitch Matveev est sélectif, avec des pics de prix sur des œuvres abouties, signées et datées, représentant des sites italiens identifiables. Le nombre limité d’apparitions en ventes publiques rend nécessaire une analyse au cas par cas, à partir de comparables récents et de dossiers documentés.

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