L’art de la gravure au Vietnam : tradition et innovation

Portrait de Fabien Robaldo, expertise partout en France

L’art de la gravure au Vietnam: tradition et innovation

 

Au Vietnam, la gravure sur bois, la taille-douce et les procédés contemporains constituent un champ artistique structuré, identifiable et recherché. De la gravure populaire de village à l’estampe d’artiste issue des écoles des beaux-arts, ce domaine a développé des pratiques et des marchés distincts. Pour les collectionneurs comme pour les héritiers d’œuvres, comprendre les typologies, les matériaux, les périodes et les facteurs de valeur permet d’aborder ce segment avec méthode. Ce guide présente un panorama factuel, des critères simples d’estimation et des repères de marché, avec des résultats de ventes vérifiés en euros.

 

1. Introduction

 

La gravure vietnamienne se déploie sur deux axes. D’une part, un socle ancien lié aux images populaires imprimées sur papier traditionnel, associées aux fêtes, aux croyances et aux usages domestiques. D’autre part, une tradition moderne et contemporaine nourrie par l’enseignement académique, les ateliers universitaires et les échanges internationaux. Ce double héritage alimente aujourd’hui un marché actif en Asie et en Europe, avec une demande soutenue pour les œuvres historiques de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine et un intérêt croissant pour les artistes contemporains issus des facultés de graphisme au Vietnam.

 

2. Définition / description générale de la thématique

 

La gravure au Vietnam regroupe principalement la xylographie et ses variantes, la lithographie, l’eau-forte, l’aquatinte, la linogravure et des procédés mixtes. L’estampe populaire est imprimée à partir de matrices gravées, souvent en bois local, sur un papier artisanal produit à base d’écorce. L’estampe d’artiste, diffusée au sein des écoles d’art, s’appuie sur des presses et des ateliers équipés pour la taille-douce, la lithographie ou les techniques contemporaines. Les œuvres existent en feuilles isolées, en albums, en séries ou en tirages numérotés et signés, avec cachets ou mentions spécifiques selon les périodes et les ateliers.

 

Les grandes lignées populaires incluent les images de fête et de vœux, les scènes de genre, ou encore les sujets allégoriques et religieux, diffusés à l’origine pour un usage domestique. À l’époque moderne, les artistes formés à Hanoi ont introduit des écritures graphiques plus personnelles et des tirages colorés, parfois marqués du sceau d’école. Au vingtième siècle, l’estampe s’est aussi mise au service de l’affiche et de l’illustration, tandis que la scène contemporaine explore le grand format, la superposition de plaques et des supports expérimentaux.

 

3. Typologies, matériaux, périodes, styles

 

3.1 Typologies principales

 

Xylographie populaire. Estampes imprimées à partir de planches gravées, produites en ateliers villageois. Thèmes de vœux, animaux symboliques, héros, scènes rurales. Destinées à la décoration des foyers au Nouvel An lunaire. Reconnaissables aux aplats de couleur, aux contours tranchés et à un langage ornemental direct.

 

Estampe d’artiste moderne. Œuvres issues de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine et de ses héritiers. Tirages en bois gravé, lithographies et tailles-douces. Signatures, cachets d’atelier, parfois mention de l’école et numérotation. Sujets variés, du paysage aux scènes urbaines, avec hybridation de références asiatiques et de composition occidentale.

 

Gravure contemporaine. Œuvres réalisées dans les facultés de graphisme et ateliers indépendants à Hanoi, Hô Chi Minh-Ville et Hué. Divers procédés, y compris linogravure, monotype et techniques mixtes. Formats plus ambitieux, recherches de textures, papiers expérimentaux, et séries courtes ou installations graphiques.

 

3.2 Matériaux et supports

 

Papier “dó” et “giấy điệp”. Le papier “dó” est un papier artisanal à base d’écorce de Rhamnoneuron balansae. Le “giấy điệp” incorpore une charge de poudre de coquille qui donne un aspect scintillant et favorise la tenue des couleurs. Ces supports, associés aux images populaires du Nord, restent utilisés pour des tirages contemporains ou des rééditions pédagogiques. Ces caractéristiques comptent dans l’identification et la valeur historique de certaines feuilles.

 

Encres et pigments. Traditionnellement, des pigments d’origine minérale et végétale sont employés en xylographie populaire, avec des noirs issus de cendres de bambou et des rouges minéraux. L’estampe d’artiste moderne et contemporaine recourt aussi aux encres de gravure et aux procédés d’atelier standards pour la taille-douce et la lithographie.

 

3.3 Périodes et styles

 

Images populaires du Nord. Les lignées villageoises se structurent dès les périodes pré-modernes. Elles alimentent un répertoire iconographique stable, dont les animaux de bon augure, scènes domestiques et allégories morales. Leur reconnaissance patrimoniale a favorisé des actions de transmission et de documentation.

 

École des Beaux-Arts de l’Indochine et modernité. Les années 1920 à 1940 voient l’essor d’estampes d’artiste en bois gravé et lithographie, parfois marquées du sceau de l’école. Des maîtres et élèves réalisent des tirages en couleurs, au croisement des pratiques locales et des procédés académiques. Les œuvres de 1927 portant cachets et signatures constituent aujourd’hui des jalons recherchés en ventes publiques.

 

Scène contemporaine. Universités des beaux-arts et espaces indépendants exposent régulièrement gravures sur bois, eaux-fortes et tirages mixtes. Des expositions dédiées à Hanoï mettent en avant une génération d’artistes enseignants et alumni qui actualisent les techniques sur divers papiers et formats.

 

4. Facteurs simples influençant la valeur

 

Typologie et période. Une xylographie populaire ancienne sur papier “dó” ou “giấy điệp” a un intérêt patrimonial distinct d’une gravure contemporaine d’atelier. Les tirages modernistes liés à l’école des beaux-arts, datés et documentés, se situent sur un segment de valeur différent des rééditions pédagogiques ou des impressions touristiques.

 

Auteur, cachets et signatures. La présence d’une signature autographe, d’un cachet d’école ou d’atelier, et d’une numérotation influence la valeur. Les mentions “3/100”, “épreuve d’artiste” ou le sceau d’une institution renforcent l’attribution et la clarté de l’édition quand elles sont cohérentes avec la période.

 

Sujet et composition. Les thèmes emblématiques des images populaires ou, pour la modernité, les sujets iconiques associés à des artistes identifiés, soutiennent la demande. La lisibilité du motif, l’équilibre des aplats et le registre chromatique jouent un rôle dans l’intérêt des collectionneurs.

 

Format et technique. Les grands formats, les tirages en couleurs à plusieurs planches et les procédés maîtrisés en taille-douce peuvent situer une œuvre sur une fourchette de valeur supérieure à des feuilles plus petites ou à des reproductions. Dans le cas des lignées populaires, la technique de tirage et le papier sont déterminants pour distinguer un tirage traditionnel d’une impression récente.

 

Provenance et documentation. Une provenance claire, des publications de référence ou une présence en exposition académique contribuent à la valeur. Les archives d’atelier et les catalogues de ventes passées rendent l’historique traçable et crédible.

 

5. Marché de l’art: demande, cote, valeur

 

Le marché de l’estampe vietnamienne se structure autour de pôles géographiques complémentaires. À Hanoï et Hô Chi Minh-Ville, les universités et espaces d’art soutiennent la production contemporaine et ses circuits locaux. À Paris et à Hong Kong, des ventes spécialisées d’arts du Vietnam et du Sud-Est asiatique ont établi un historique d’adjudications pour la gravure moderniste et les œuvres graphiques associées à l’École des Beaux-Arts de l’Indochine. Des sessions dédiées à l’art vietnamien, organisées régulièrement dans la capitale française, servent de référence de prix pour les estampes historiques et les artistes modernistes. Des événements thématiques à Paris et à Hanoï ont également renforcé la visibilité de ce champ, notamment des rendez-vous dédiés à l’art du Vietnam portés par des maisons reconnues comme Bonhams Cornette de Saint Cyr et Aguttes.

 

La demande internationale se concentre sur trois segments. D’abord, les xylographies modernistes de la fin des années 1920 et 1930, identifiées par leurs signatures et cachets, forment un noyau hautement recherché. Ensuite, les œuvres graphiques d’artistes vietnamiens du vingtième siècle déjà reconnus en peinture mais présents en estampe de manière ponctuelle. Enfin, la production académique et expérimentale contemporaine, encore accessible, attire de nouveaux collectionneurs qui privilégient les œuvres signées, datées et accompagnées d’informations de tirage ou d’atelier. Des expositions récentes à Hanoï illustrent cette dynamique pédagogique et curatoriale.

 

6. Résultats de ventes vérifiés (maison, date, lot)

 

Les exemples suivants illustrent des adjudications documentées d’estampes vietnamiennes en ventes publiques internationales, avec prix en euros. Les données proviennent des publications des maisons de vente et de pages d’archives consultables en ligne.


    • “Aigrettes et poissons rouges”, Nguyen Nam Son, estampe xylogravée, signée, 1927. Aguttes, Neuilly, “Peintres d’Asie: Chine & Vietnam”, 13 mai 2025, lot 6. Adjugé 36 400 € (avec frais).

 

    • “La Tonkinoise et la Vieille Sage”, Nguyen Tuong Tam, estampe sur papier “dó”, vers 1927. Aguttes, Neuilly, “Peintres & Arts du Vietnam”, 30 septembre 2021, lot 31. Adjugé 10 400 €

 

    • “Cranes and Fish”, Nguyen Nam Son, bois gravé en couleurs, signé et numéroté 3/100, 1927. Sotheby’s, Paris, “Indochine”, 20 avril 2022, lot 17. Adjugé 20 160 €.

 

    • “Sur les quais du Fleuve Rouge”, Do Duc Thuan, gravure, 48 x 42 cm. Marambat – de Malafosse, Toulouse, “Art d’Asie”, 14 décembre 2018, lot 33. Adjugé 6 100 €

 

 

7. Conclusion incitant à une estimation gratuite

 

Qu’il s’agisse d’une xylographie populaire sur “giấy điệp”, d’un bois gravé moderniste des années 1920 ou d’une gravure contemporaine signée et numérotée, la compréhension de la technique, de la période et des marquages d’atelier est centrale pour établir une valeur cohérente. Une analyse structurée des éléments visibles et des références de marché permet de situer l’œuvre dans la bonne fourchette d’adjudications observées. Pour obtenir une estimation gratuite, argumentée et rapide, vous pouvez solliciter l’expertise de Fabien Robaldo. Un avis professionnel vous aidera à documenter l’œuvre, à vérifier l’attribution et à positionner précisément sa valeur sur le marché actuel.

 

FAQ

 

Quelles sont les techniques de gravure les plus représentées au Vietnam ?

La xylographie domine historiquement, suivie par la lithographie et la taille-douce introduites via l’enseignement académique. La linogravure et les procédés mixtes sont fréquents dans la production contemporaine.

 

Le papier “dó” influence-t-il la valeur ?

Oui. Un tirage ancien sur papier “dó” ou “giấy điệp” bien identifié contribue à la valeur historique d’une estampe populaire, surtout s’il est cohérent avec l’atelier et la période.

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Que signifient les cachets d’école sur certaines estampes des années 1920-1930 ?

Ils indiquent un lien avec l’École des Beaux-Arts de l’Indochine ou un atelier associé. Ces marques, combinées à une signature et une date, renforcent l’attribution et l’intérêt du marché.

 

Une estampe sans signature peut-elle être recherchée ?

Oui, si l’atelier, la période et la matrice sont identifiés et si le sujet appartient à un corpus reconnu. Les cachets et la documentation remplacent parfois la signature.

 

Quel rôle joue le sujet dans l’estimation ?

Les thèmes emblématiques des lignées populaires et les compositions iconiques des artistes modernistes soutiennent la demande. Le sujet contribue à la lisibilité et à la valeur perçue.

 

Les éditions numérotées sont-elles courantes ?

En gravure d’artiste moderne et contemporaine, oui. Les tirages portent souvent une numérotation et parfois des épreuves d’artiste. Les images populaires traditionnelles ne sont pas numérotées.

 

Comment différencier une réédition récente d’une impression ancienne ?

L’examen du papier, des pigments, du mode d’impression et des marques d’atelier permet d’orienter l’identification. La cohérence avec la période est déterminante.

 

Quel est l’intérêt des expositions universitaires pour la cote ?

Elles documentent la scène actuelle et positionnent des artistes-enseignants et alumni. Les catalogues et sélections curatoriales participent à la traçabilité.

 

Où se concentrent les adjudications de référence ?

À Paris et à Hong Kong pour les segments historiques et modernistes, et au Vietnam pour la scène contemporaine et les circuits locaux.

 

Pourquoi certaines feuilles modernistes de 1927 sont-elles très recherchées ?

Parce qu’elles cumulent la rareté, le lien avec l’école, des cachets d’atelier et une exécution en couleurs maîtrisée, formant des jalons fondateurs de la gravure vietnamienne moderne.

 

Les albums ou portefeuilles d’estampes circulent-ils sur le marché ?

Oui. Ils apparaissent en ventes spécialisées et peuvent offrir un coût unitaire par feuille attractif selon l’état d’ensemble et la complétude.

 

Comment obtenir une estimation rapide et documentée ?

Transmettez des photos nettes, dimensions, technique présumée, signatures ou cachets visibles et tout historique en votre possession. Vous recevrez une estimation gratuite par Fabien Robaldo avec des repères de marché récents.

 

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