L’art de la laque en Chine et au Vietnam : comparaison et influences

Laque de Lê Quôc Lôc

L’art de la laque en Chine et au Vietnam : comparaison et influences

Cette synthèse présente les principales caractéristiques de la laque en Chine et au Vietnam, leurs typologies et matériaux, les périodes clés, ainsi que les critères simples qui orientent la valeur sur le marché. Elle met en regard les usages traditionnels chinois, dominés par la laque sculptée dite “cinabre”, et la peinture vietnamienne en laque, structurée au 20e siècle autour de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine. Les repères chronologiques, les artistes et les catégories d’objets sont décrits de manière claire afin d’éclairer l’analyse de la valeur et des résultats en vente publique.

Champ couvert et objectifs

Le propos se concentre sur les productions chinoises et vietnamiennes en laque, leurs matériaux et formats usuels, les jalons historiques qui structurent la demande, et les facteurs simples qui influencent la valeur. Une lecture orientée marché permet d’identifier les segments actifs et les ordres de grandeur observés à travers quelques adjudications récentes.

 

Définition et description générale

La laque est un revêtement obtenu par couches de résine durcie, traditionnellement issue de l’arbre à laque en Asie. En Chine, l’usage de pigments minéraux, dont le cinabre pour le rouge, est ancien et a favorisé le développement d’objets sculptés dans l’épaisseur des couches. Au Vietnam, la laque devient dès le 20e siècle un médium pictural complet, combinant vernis, feuilles d’or, incrustations de coquille d’œuf et parfois de nacre sur panneaux ou paravents.

Deux logiques dominent donc. En Chine, la laque sculptée, souvent dite “laque cinabre”, privilégie boîtes, plateaux, écrins et objets rituels, avec des décors profondément incisés. Au Vietnam, la peinture en laque s’organise en panneaux ou paravents figuratifs, avec un vocabulaire moderne porté par des artistes identifiés. Ces approches distinctes produisent des dynamiques de marché différentes et des critères de valeur spécifiques.

 

Typologies, matériaux, périodes, styles

Chine : laque sculptée, pigments et répertoires impériaux

La Chine développe dès l’Antiquité des techniques complexes. À l’époque Yuan et Ming, puis sous les Qing, la laque sculptée atteint un haut niveau. Les typologies les plus courantes en collection sont boîtes circulaires ou lobées, boîtes hexagonales, plateaux, jardinières, garnitures d’autel et accessoires d’écriture. Les motifs récurrents comprennent dragons à cinq griffes, phénix, nuées ruyi, caractères auspiciateurs, “cent-chauves-souris” et scènes de lettrés ou de palais. Les bases sont en bois ou en métal, l’intérieur souvent noirci.

Les périodes de référence pour la laque sculptée sont la fin des Yuan et les Ming pour des pièces de répertoire ancien, et, pour la production impériale, le règne de Qianlong au 18e siècle, avec une iconographie rigoureuse et des inscriptions de règne sur certaines œuvres. Le style est dominé par la profondeur de taille, la régularité des fonds et la lisibilité du décor. Ce corpus nourrit encore aujourd’hui une demande internationale.

 

Vietnam : peinture en laque, modernité et École des Beaux-Arts de l’Indochine

Au Vietnam, la laque devient au 20e siècle un médium pictural structuré par l’enseignement de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine. Les typologies dominantes sont panneaux, diptyques, polyptyques et paravents. Les matériaux intègrent la résine, les feuilles métalliques, la coquille d’œuf pour les valeurs claires, et parfois la nacre. Les thèmes vont du paysage aux scènes de village en passant par les figures féminines et les compositions historiques.

Les styles les plus recherchés sont ceux des artistes formés autour des années 1930-1950. Les signatures et provenances précises structurent la demande. Le vocabulaire visuel associe tradition locale et enseignement occidental, avec un travail des stratifications et des polissages qui confère une profondeur caractéristique. Le format et la qualité d’exécution influencent directement la valeur de marché.

 

Comparaison et influences

La tradition chinoise a diffusé le matériau et l’expertise technique dans l’ensemble de l’Asie orientale. L’influence chinoise se retrouve au Vietnam pour les éléments de vocabulaire, l’usage de feuilles métalliques et l’idée d’un médium de prestige. Toutefois, le Vietnam développe au 20e siècle une approche picturale autonome, avec un corpus moderne identifié par artistes, signatures et dates, distinct de la logique chinoise centrée sur l’ornement sculpté d’objets fonctionnels ou de prestige. Sur le marché, cette différence se traduit par des critères de comparaison orientés soit vers l’iconographie impériale et les règnes pour la Chine, soit vers l’attribution artistique et la composition picturale pour le Vietnam.

 

Facteurs simples influençant la valeur

Chine

Plusieurs paramètres orientent la valeur : période et datation, présence d’une marque de règne et sa correspondance stylistique, qualité du relief et régularité des fonds, richesse iconographique, format et rareté du modèle, ainsi que l’ancienneté de la provenance. Les pièces attribuables à un contexte impérial ou à une période de référence enregistrent une demande soutenue, de même que les formats inhabituels ou très aboutis.

 

Vietnam

La valeur dépend d’abord de l’artiste, de la signature, du sujet, du format, du raffinement des incrustations et de la documentation. Les grands panneaux et paravents par des artistes reconnus atteignent des niveaux élevés. Les scènes emblématiques, les compositions équilibrées et les œuvres publiées ou exposées bénéficient d’une meilleure liquidité. La provenance européenne ancienne ou un certificat familial renforcent l’intérêt des acheteurs.

 

Marché de l’art : demande, cote, valeur

Le marché international pour la laque chinoise sculptée demeure régulier, avec un noyau d’acheteurs sensibles aux périodes Yuan, Ming et Qing, et un attrait constant pour les motifs impériaux. Les prix varient selon l’état stylistique, la cohérence de l’iconographie et la présence d’inscriptions. L’offre circulant en Europe et à Paris contribue à une lecture en euros de la valeur, avec une amplitude allant d’objets usuels bien conservés à des pièces rares impériales de grand format.

Pour la laque vietnamienne, la demande s’est renforcée depuis une décennie autour de signatures majeures, avec des adjudications notables en France et à Hong Kong. La cote se structure par artistes, sujets et formats, avec une prime nette pour les œuvres certifiées, publiées ou rattachées à des collections identifiées. Cette dynamique conforte l’intérêt des collectionneurs européens et asiatiques, et alimente une lecture soutenue de la valeur en vente publique.

 

Résultats de ventes vérifiés

Exemples récents, donnés à titre informatif, avec prix en euros, maison, date et numéro de lot.

  • “Sonate du pays des fées”, Nguyen Gia Tri. Bonhams Cornette de Saint Cyr, Paris, vente en ligne 6-13 juin 2025, lot 4. Adjugé 108 350 € TTC.
  • “Bataille de Bach Dang au XIIIe siècle”, attribué à Nguyen Gia Tri. Bonhams Cornette de Saint Cyr, Paris, vente en ligne 5-11 décembre 2024, lot 519. Adjugé 483 000 € TTC.
  • “Villageoises parmi des bananiers”, Nguyen Gia Tri. Drouot Estimations, Paris, 2 décembre 2022, lot 59. Adjugé 810 000 € hors frais.
  • Boîte lobée en laque cinabre, inscription “Fu gui bao he”, Chine, Qianlong. Galerie Zacke, Vienne, 11 avril 2024, lot 87. Adjugée 44 200 € TTC.

 

Conclusion

La comparaison entre Chine et Vietnam met en évidence deux logiques complémentaires. La Chine privilégie l’objet sculpté à répertoire impérial où la période et le décor déterminent la valeur. Le Vietnam fonde une tradition picturale moderne en laque, portée par des artistes identifiés, où signature, sujet et format structurent la valeur. Pour situer précisément une pièce et sa place sur le marché, il est utile de croiser typologie, période, attribution et parcours. Pour obtenir une estimation gratuite et neutre, contactez Fabien Robaldo. L’analyse portera sur l’authenticité, la période, l’attribution, la documentation et la comparabilité avec des résultats publics récents. Une expertise claire et argumentée facilite toute décision future et la valorisation adéquate de votre œuvre.

 

FAQ

Quelle différence principale entre la laque chinoise et la laque vietnamienne ?

La Chine privilégie la laque sculptée sur objets utilitaires ou de prestige, la profondeur de taille et l’iconographie impériale pesant sur la valeur. Le Vietnam exploite la laque comme médium pictural moderne, avec panneaux et paravents signés où l’artiste, le sujet et le format structurent la valeur.

Quelles périodes sont les plus recherchées pour la laque chinoise ?

La fin des Yuan et les Ming pour les pièces anciennes de référence, ainsi que le règne de Qianlong au 18e siècle pour les œuvres impériales. La présence d’une marque de règne crédible soutient la valeur.

Quels formats vietnamiens rencontrent la meilleure demande ?

Les grands panneaux et paravents polyptyques signés, datés et documentés, avec un travail soigné des incrustations et une composition lisible. Ces éléments renforcent la valeur.

La signature d’un artiste vietnamien influe-t-elle beaucoup sur la valeur ?

Oui. L’attribution à un artiste majeur et une signature cohérente avec l’époque de création sont déterminantes. Les certificats familiaux ou archives d’ateliers consolident la valeur.

Quels thèmes chinois sont les plus porteurs ?

Dragons impériaux à cinq griffes, caractères auspiciateurs comme “shou” ou “fu”, nuées ruyi, et scènes de palais ou de lettrés. La qualité de sculpture et la cohérence stylistique pèsent sur la valeur.

Que regarder pour situer une boîte en laque cinabre ?

La profondeur et la régularité du relief, la finesse des fonds, l’iconographie, le format, la présence d’éventuelles inscriptions et le contexte stylistique. La période supposée influence fortement la valeur.

Les œuvres vietnamiennes en laque avec coquille d’œuf sont-elles recherchées ?

Oui, surtout lorsqu’elles sont bien intégrées à la composition et attribuées à un artiste reconnu. La lisibilité du motif et la maîtrise des contrastes soutiennent la valeur.

Les paravents vietnamiens d’avant 1950 sont-ils plus cotés ?

Globalement oui pour les signatures majeures, sous réserve du sujet, du format et de la documentation. Les premières décennies du 20e siècle structurent une partie de la cote.

Y a-t-il un marché actif en euros pour ces œuvres ?

Oui. Paris et plusieurs places européennes publient régulièrement des adjudications en euros, ce qui facilite la lecture de la valeur pour les collectionneurs.

Faut-il privilégier un sujet particulier au Vietnam ?

Les paysages, scènes de village et compositions historiques par artistes majeurs sont très suivis. Le sujet n’est qu’un facteur parmi d’autres dans la formation de la valeur.

Peut-on comparer directement une boîte chinoise sculptée et un panneau vietnamien ?

On peut comparer des ordres de grandeur, mais les critères ne sont pas identiques. En Chine, période et répertoire impérial dominent. Au Vietnam, l’artiste, le sujet et la composition priment.

Comment obtenir une estimation ?

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