Les enchères d’art asiatique : focus sur le Vietnam

1. Introduction

Le Vietnam occupe une position solide dans les ventes consacrées à l’Asie grâce à un corpus identifié, des artistes déjà documentés et une clientèle internationale active. Les temps forts du calendrier à Paris, renforcés par les Asian Weeks et des vacations dédiées aux “Asian Painters”, ont consolidé l’écosystème francophone comme place de référence aux côtés d’Hong Kong. Les adjudications millionnaires obtenues par certains peintres de la première génération formée à Hanoi dans les années 1920 et 1930 soutiennent durablement la visibilité du segment vietnamien.

Dans ce contexte, le bureau d’expertise de Fabien Robaldo accompagne vendeurs et ayants droit pour comprendre la valeur de leurs œuvres vietnamiennes, situer une signature ou une typologie, et orienter une stratégie d’enchères rationnelle, adaptée aux habitudes d’achat internationales.

2. Définition et périmètre du “focus Vietnam” dans les enchères d’art asiatique

Le “focus Vietnam” regroupe les œuvres de création vietnamienne, produites au Vietnam ou par des artistes vietnamiens établis en Europe. Les catégories dominantes en salle sont la peinture moderne de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine, la laque moderne, quelques ensembles anciens et des œuvres contemporaines représentées. Les vacations générales d’art asiatique peuvent juxtaposer ces œuvres à des pièces chinoises ou japonaises, tandis que des ventes thématiques “Asian Painters” isolent la peinture moderne vietnamienne dans une logique de spécialité.

La demande se concentre sur un noyau d’artistes majeurs formés à Hanoi à partir de 1925 et sur leurs proches contemporains. À côté de ces signatures, certaines productions anciennes comme les bronzes de tradition locale ou les sculptures Cham, ainsi que des céramiques de la période Nguyen, apparaissent ponctuellement dans les catalogues, avec des niveaux de valeur variables selon la rareté, la documentation et l’intérêt des collectionneurs internationaux.

3. Typologies, matériaux, périodes, styles

3.1. Peinture moderne vietnamienne et École des Beaux-Arts de l’Indochine (années 1920 à 1950)

Le cœur de la demande vise les artistes issus de l’École des Beaux-Arts de l’Indochine. Les médiums les plus rencontrés sont la soie peinte à l’encre et à la gouache, l’huile sur toile et la laque. Les thèmes de la vie quotidienne, des portraits, des paysages, des scènes de musique ou de maternité forment un corpus identifiable. Les œuvres des années 1930 à 1940, bien documentées, bénéficient d’une forte traction en enchères, particulièrement à Paris et à Hong Kong.

Les signatures les plus cotées incluent Le Pho, Mai Trung Thu, Vu Cao Dam, Nguyen Phan Chanh, ainsi que Nguyen Gia Tri pour la laque. Les œuvres de To Ngoc Van, Bui Xuan Phai, Nguyen Tu Nghiem, Nguyen Trung et Le Thi Luu constituent des chapitres complémentaires très suivis avec des niveaux de valeur différenciés selon le médium, l’époque et la rareté des compositions.

3.2. Laque moderne vietnamienne

La laque moderne vietnamienne, souvent élaborée en panneaux, associe des couches de laque, parfois avec inclusion de nacre, feuilles métalliques ou pigments. Elle se distingue par des compositions figuratives ou décoratives. Les pièces signées par Nguyen Gia Tri ou par des artistes confirmés de la période médiane trouvent preneur auprès d’un public averti. La lisibilité du sujet, l’ampleur du panneau et la période d’exécution influencent directement la valeur.

3.3. Arts anciens et décoratifs associés au Vietnam

Dans les ventes d’art asiatique, le Vietnam ancien apparaît de manière plus ponctuelle. Sont recensés des bronzes d’inspiration locale, des sculptures Cham, des objets bouddhiques, des céramiques de la période Nguyen et des productions régionales. Ces segments obéissent à des règles de marché spécifiques où la datation, la provenance et la publication jouent un rôle central dans la perception de la valeur par les acheteurs internationaux.

3.4. Création contemporaine

Le contemporain vietnamien est présent dans certaines vacations internationales et chez des galeries spécialisées. Des artistes comme Nguyen Trung, Dang Xuan Hoa ou Le Quang Ha sont visibles sur le second marché avec des adjudications en euros, souvent dans une fourchette de quelques milliers à plusieurs dizaines de milliers d’euros pour des formats et des périodes recherchés. La reconnaissance institutionnelle et l’exposition régulière dans des foires européennes agissent comme leviers de valeur.

4. Facteurs simples influençant la valeur

Signature et attribution. Une signature établie et une attribution reconnue par la bibliographie ou par des spécialistes influencent fortement la valeur. Les artistes de la première génération formée à Hanoi présentent une profondeur de marché supérieure, renforcée par une documentation active.

Période et médium. Les œuvres des années 1930 à 1940, les soies de qualité et les huiles abouties se situent généralement au-dessus des pièces tardives ou d’atelier. Pour la laque, les panneaux ambitieux et les sujets aboutis sont recherchés.

Sujet et composition. Portraits emblématiques, scènes de musique, maternités, paysages équilibrés et sujets emblématiques de la période Indochine rencontrent une demande régulière. La lisibilité du sujet et l’harmonie de la composition jouent un rôle direct dans la hiérarchie des prix.

Format. Des formats moyens à grands, maîtrisés, permettent des adjudications supérieures, toutes choses égales par ailleurs.

Provenance, exposition, bibliographie. Une provenance claire, une participation à des expositions de référence, toute publication ou mention dans un catalogue raisonné renforcent l’intérêt des acheteurs et la valeur potentielle en enchères.

Contexte de vente. Les vacations spécialisées et les places de marché liées au “Printemps Asiatique” parisien ou aux semaines asiatiques européennes concentrent une clientèle internationale active. La concurrence des enchérisseurs impacte directement l’issue des ventes.

5. Marché de l’art : demande, cote, valeur

La demande pour l’art vietnamien s’appuie sur des collectionneurs vietnamiens, la diaspora, et des acheteurs européens et asiatiques. Paris s’est imposée comme plateforme de référence en euros pour la peinture vietnamienne moderne, avec des ventes dédiées qui agrègent les soies, huiles et laques d’artistes majeurs. Hong Kong reste un point d’ancrage historique pour les adjudications en dollars hongkongais, mobilisant une clientèle asiatique très active. Cette complémentarité alimente une visibilité globale des prix et une meilleure lisibilité de la valeur.

Les adjudications millionnaires enregistrées en 2024 et 2025 sur le territoire français illustrent l’intérêt du public et la place occupée par les signatures historiques. Des artistes comme Nguyen Phan Chanh, Le Pho ou Mai Trung Thu ont franchi des seuils significatifs en euros. Le calendrier parisien, alimenté par des catalogues orientés “Asian Painters” et “Arts d’Asie”, a structuré des repères de valeur utiles pour les héritiers, notaires et collectionneurs.

Les segments périphériques, notamment la laque moderne ou certaines œuvres contemporaines, progressent de manière mesurée. Les écarts de prix s’expliquent par la rareté des sujets, la qualité du médium et le degré de documentation. Dans l’ensemble, le marché vietnamien au sein des enchères d’art asiatique présente aujourd’hui une profondeur suffisante pour envisager une mise en vente avec des comparables récents et un ciblage d’acheteurs pertinent.

En France, l’écosystème des ventes publiques est structuré et lisible pour les vendeurs. Outre les opérateurs internationaux, le paysage compte des maisons reconnues à Paris. Le tissu local inclut des acteurs identifiés comme MILLON, au sein d’un écosystème où la spécialisation asiatique s’est renforcée. Cette concentration de savoir-faire et d’acheteurs facilite l’établissement d’une fourchette de valeur argumentée avant toute décision de mise en vente.

6. Résultats de ventes vérifiés (maison, date, lot, prix de vente)

Les exemples suivants permettent de situer des repères de prix en euros pour des œuvres vietnamiennes majeures. Les titres d’œuvres sont affichés selon la convention demandée.

• • Aguttes, 7 mars 2024, 42e “Asian Painters”, lot 12, Mai Trung Thu, “En plein air”, 828 420 €.

• • Aguttes, 2025, vente spéciale centenaire École des Beaux-Arts de l’Indochine, Mai Trung Thu, “Le Concert”, 1 811 000 €.

• • Aguttes, 2025, même vacation, Le Pho, nu de 1942, 1 378 000 €.

Ces adjudications confirment l’attractivité de la peinture vietnamienne moderne en euros et fournissent des points de comparaison utiles pour positionner une œuvre, en tenant compte du médium, de la période et de la documentation disponible.

7. Conclusion : demander une estimation gratuite

Déterminer la valeur d’une œuvre vietnamienne implique de croiser la signature, la période, le médium, le sujet et la documentation. Le marché européen, et particulièrement Paris, offre des comparables récents et lisibles. Pour situer précisément une œuvre, le bureau d’expertise de Fabien Robaldo propose une estimation gratuite fondée sur l’étude des résultats comparables et l’analyse du dossier de provenance. Cette démarche claire et structurée permet d’orienter avec méthode toute décision relative aux enchères d’art asiatique, focus Vietnam.

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